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DOSSIER 98 FIG. 7 (EN HAUT AU MILIEU) : Masque. Galwa, Gabon. Avant 1890. Bois, fi bres végétales, kaolin, ocre rouge et poudre noire de charbon. H. : 28 cm. Collecté par Virgile Gacon en 1890. Musée de l’Areuse, Boudry, Suisse. FIG. 8 (CI-DESSUS) : Masque. Galwa, Gabon. Bois, kaolin, ocre rouge et poudre noire de charbon. H. : 31 cm. Collecté par P. Moller en 1887. Göteborg Museum, inv. : GEM 1032. suivis par des hommes-chevaux, des Arabes. Ce mythe du monstre à tête d’homme, corps et pattes d’animaux (Simpondo) date de la colonisation française du Gabon après 1920 et se retrouve chez les Fang du Cameroun et les Nkomi. Selon Codjo Rawambia, il n’est pas exclu qu’il soit une reconstruction identitaire destinée à renforcer la cohésion des Galwa14. Les Galwa se seraient enfoncés dans la forêt dense et auraient retrouvé les campements laissés par les Mpongwé qui les avaient précédés. Arrivés à Okondza, (Okonja) – lieu dont l’appellation signifi e « vivre en bonne intelligence et paisiblement » –, ils y rencontrèrent les Okandé et les Tsogho qui les introduisirent dans les secrets des sociétés du bwiti et du kono. Ces peuples nouèrent alors des alliances matrimoniales interclaniques15. Les traditions orales mentionnent l’étape de la plaine du Petit Loango ou Mwa Loango, entre la lagune d’Igela et Mayumba. Les Galwa y trouvèrent les Vili avec qui ils nouèrent également des relations interclaniques. L’existence d’un clan commun Buwanji chez les Vili et les Galwa atteste en effet une rencontre entre ces peuples et une cohabitation avec la puissante confrérie des forgerons Buwanji venue s’installer sur la côte de Loango vers le XIVe siècle. Une chanson galwa raconte l’impossibilité de faire des plantations dans la plaine de Petit Loango, dont le peuple fut sauvé de la famine par les noisettes (inkula). En 1883, Payeur-Didelot, compagnon de Brazza, s’intéressa aux Galwa : à leurs villages, leurs moeurs, la société du yassi, ainsi qu’à leurs femmes, « ces Vénus nègres ». Dans son livre6, il publia une lettre intéressante, une plainte adressée au « Commandant » de l’administration coloniale, déposée par une femme galwa menacée de mort par son cruel mari d’origine enenga, qu’elle avait quitté pour un nouveau avec lequel elle avait eu deux enfants7. En 1897, l’exploratrice d’origine anglaise, Mary Kingsley, séjourna à Lambaréné. Elle écrivit que les Galwa, très proches des Mpongwé, avaient « un des plus hauts degrés de civilisation en Afrique »8. En 1924, l’abbé Raponda-Walker (d’origine mpongwé par sa mère), fi t référence à la loi du matriarcat des Galwa, ce qui les rapprocherait plutôt des Eshira et non des Mpongwé qui sont patrilinéaires9. Quant aux chercheurs Hubert Deschamps, Joseph Abourouet-Avaro10 et Paul-Vincent Pounah, ils rejettent la thèse que les Galwa sont des Eshira tandis qu’Annie Merlet, ne prenant pas position, affi rme que toutes les versions de la tradition orale font état de longs et fréquents contacts entre les Galwa et les Eshira, toutes les légendes parlant non seulement de guerres, de subordination mais encore de cohabitation11. Enfi n, Léopold Codjo Rawambia clôt le sujet ; les arguments qui tendent à rattacher les Galwa aux Eshira ne sont pas convaincants et leurs traditions communes s’y opposent ainsi que la linguistique12. Enfi n, l’historien de la tradition orale Vincent Pounah traduisit et annota le manuscrit inédit Galwa ou Edongo d’antan du pasteur galwa, Ogoula – Mbeye, une véritable mine de renseignements sur ce peuple13. LA MIGRATION MYTHIQUE Partis d’une région de l’Afrique orientale, les Galwa et les Orungu ont partagé une migration d’est en ouest, du Haut-Ivindo (centre-est du Gabon) jusqu’au Bas-Ogooué. Ivindo est le nom d’un chef de clan Ajange appelé « reine » par les missionnaires catholiques d’Ewonjo-Nenge (Lambaréné actuel). Les traditions orales se réfèrent aux noms des lieux : Abunje, le point de départ de leur migration, indiquerait une direction, l’endroit où se lève le soleil, mais désignerait aussi un gros arbre de la forêt. D’après une autre tradition orale, Abunje serait aussi le village originel situé près du lac Tanganyika, où les Galwa auraient été pour-


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