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123 FIG. 2 (CI-DESSUS) : Cimier en forme de serpent. Nalu, Guinée. Probablement fi n du XIXe ou début du XXe siècle. Bois et pigments. H. : 240 cm. Acquis par Hélène et Henri Kamer en Guinée en 1957. Ex-Jacques Lazard, Paris, 1957-1989 ; Muséum national d’histoire naturelle / musée de l’Homme, Paris. Musée du quai Branly – Jacques Chirac, Paris, inv. M.H. 989.49.1. en 2003, South of the Sahara, et nous l’avons également reproduite sur le cartel explicatif du serpent du CMA, lorsque celui-ci a intégré la nouvelle galerie africaine en 2010. Aiguillé en partie par Susan Kloman, responsable pour les arts d’Afrique et d’Océanie chez Christie’s International, j’ai récemment examiné plus attentivement cette ancienne photo et j’en ai conclu que le cimier-serpent porté par le danseur était en réalité celui exposé au CMA. Étant donné la piètre qualité de l’image, je comprends que d’autres avant moi et même après moi – notamment, l’anthropologue belge David Berliner dans sa monographie de 2013 intitulée Baga. Mémoires religieuses rédigée pour le musée Barbier-Mueller de Genève3 – n’aient pas été en mesure d’établir ce fait. Une lettre d’une dénommée Mme Nicaud de Paris tout droit sortie du dossier de conservation du serpent du CMA en apporte la preuve (fi g. 5). Datée du 17 juillet 1994, elle confi rme implicitement que Jacqueline Nicaud a pris le cliché en question (dont l’original se trouve dans les archives du musée du quai Branly)4, mais elle indique également que cette dernière et son mari, Maurice Nicaud, ont acquis le cimier-serpent dans un village de Guinée au début de l’année 1954. Les époux Nicaud étaient collecteurs de terrain et marchands. Ils ont exploité la galerie Burgui à Paris de 1965 à 1975. Si nous ignorons comment et à quel moment la sculpture s’est retrouvée dans la galerie de Mathias Komor sur la Madison Avenue à New York5, nous savons néanmoins que le CMA l’a inscrit à son inventaire en 1960 par l’entremise d’Emery May Norweb, à l’époque présidente du conseil d’administration, sous la direction de Sherman E. Lee. La sculpture dont Norweb fi t cadeau au CMA fut qualifi ée par Lee de « première acquisition majeure du musée dans le domaine de la sculpture en bois africaine depuis très longtemps » et « premier objet monumental » d’art africain du musée6. Cette acquisition eut vraisemblablement lieu à l’initiative de William D. Wixom qui, après avoir rejoint l’équipe de conservation du CMA en 1958, occupa le poste de conservateur des arts décoratifs médiévaux et de la Renaissance de 1967 à 1979, date à laquelle il prit la direction du département d’art médiéval au Metropolitan Museum of Art et au Cloisters, fonction qu’il occupera jusqu’à sa retraite en 1998. Sa passion pour l’art africain transparaît clairement dans la collection personnelle qu’il a bâtie au fi l de sa longue carrière.


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