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successives d’agriculteurs marins s’étaient progressivement implantées à travers les Philippines et l’Indonésie et avaient parcouru le Pacifi que vers l’est jusqu’aux îles Salomon et aux Mariannes. Des migrations ultérieures les ont conduits à Madagascar, Hawaï, Rapa Nui (île de Pâques) et, enfi n, Aotearoa (Nouvelle-Zélande) il y a plus de huit cents ans. L’exposition du Fowler Museum s’intéresse aux cultures des descendants de ces peuples. Les arts de tous les peuples austronésiens ont évidemment évolué pendant les cinq mille ans qui se sont écoulés depuis leur naissance à Taïwan et, souvent, un immense vide sépare la date de la première colonie de l’époque pour laquelle nous disposons de plus d’informations. En de nombreux endroits, les migrants ont rencontré des populations très différentes, comme les Papous vivant en Nouvelle-Guinée, avec lesquelles ils se sont mélangés. Dans leurs nouvelles patries, leurs cultures ont également adopté certains éléments provenant de l’étranger, par exemple les religions hindoue et bouddhiste. Bien que les idées explorées par l’exposition découlent de la préhistoire, la majorité des oeuvres d’art présentées ont été créées durant ces deux cents dernières années et refl ètent de nombreuses sources d’infl uence. Les visiteurs peuvent néanmoins y déceler des thèmes récurrents qui suggèrent l’existence d’un héritage commun reliant les « cousins » culturels à la famille austronésienne. LES PEUPLES INDIGÈNES DE TAÏWAN Il s’agit des Austronésiens qui sont restés sur leur terre d’origine. Neuf des dix subdivisions fondamentales de la famille des langues austronésiennes n’ont jamais quitté Taïwan – ce qui signifi e que la presque totalité des mille deux cents langues qui se sont développées au cours de la migration austronésienne ont quitté Taïwan en tant que langue unique avant de se ramifi er. À Taïwan, quelque vingt groupes de peuples indigènes divers vivaient dans des villages autonomes reliés les uns aux autres par le commerce, des mariages et des alliances variables. Aujourd’hui, après des siècles d’immigration de Chinois Han, les peuples indigènes de Taïwan ne représentent que deux pour cent de la population de l’île. Durant ces dernières décennies, cette minuscule minorité a entrepris des actions visant à obtenir une reconnaissance, des droits fonciers et le droit à l’autodétermination. Le climat tempéré de Taïwan exigeait de porter des vêtements et de construire des abris. Ces deux éléments sont donc devenus les principales formes d’expression artistique chez les indigènes. Une splendide paire de panneaux architecturaux (fi g. 2) symbolise la collection extraordinaire d’objets rares des Paiwan et d’autres groupes abritée par le Fowler Museum. L’association d’images d’hommes et de 94 femmes constitue l’un des thèmes récurrents de l’exposition. Elles évoquent les concepts austronésiens du dualisme et de la réciprocité. Les panneaux représentent également des ancêtres – un autre thème qui revient fréquemment tout au long de l’exposition et qui témoigne du souci des Austronésiens pour l’ascendance et la descendance dans le contexte d’une population migratoire organisée de façon hiérarchique et caractérisée par une croissance rapide. Connaître ses ancêtres signifi ait connaître les racines de ses dirigeants lors de son arrivée sur de nouvelles terres. Des images d’ancêtres ornent également un canoë des peuples Yami (fi g. 1), les habitants de l’île Botel Tobago. FIG. 4 (CI-DESSOUS) : Figures d'ancêtres. Nord de Nias, Indonésie. Avant 1907 (date de collecte). Bois et fi bres végétales. L. : 68,6 cm. Don du Wellcome Trust, Fowler Museum at UCLA, inv. X65.5679. Avec l'aimable autorisation du Fowler Museum at UCLA, photo : Don Cole, 2014. FIG. 5 (PAGE DE DROITE) : Figure commémorative. Bahau, fl euve Mahakam, Kalimantan oriental (Bornéo), Indonésie. XIXe ou début du XXe siècle. Bois. H : 112,3 cm. The Jerome L. Joss Collection, UCLA Fowler Museum, inv. X86.3133. Avec l'aimable autorisation du Fowler Museum at UCLA, photo : Don Cole, 2014. LES PHILIPPINES Les Philippines ont été le premier point de chute des voyageurs austronésiens partis de Taïwan. Aujourd’hui, leurs descendants vivent dans des environnements extrêmement variés à travers tout l’archipel. Ceux qui peuplent les hauts plateaux du Luzon du Nord sont réputés pour leurs arts intégrant des statuettes, des éléments d’architecture sculptés en bois, des paniers et des textiles. Au sud, sur l’île de Mindanao et dans la région de la mer de Sulu, les arts ont subi l’infl uence islamique du sultanat du Brunei à partir du XIVe siècle. Une stèle funéraire en forme de bateau créée par les peuples Bajau de la mer de Sulu (fi g. 3) présente un style de sculpture typiquement islamique, mais véhicule toutefois des idées austronésiennes bien plus anciennes relatives aux âmes des défunts voyageant vers l’au-delà à bord de bateaux. Étant donné leur histoire de migration maritime, ce concept est fondamental pour bon nombre d’Austronésiens, mais l’était bien davantage pour les Bajau qui passaient leur vie entière sur l’eau et ne foulaient la terre ferme que très rarement jusqu’à ce qu’ils soient enterrés dans des cimetières terrestres. MUSÉE à la Une


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