Page 94

T80F

MUSÉE à la Une that is not 100% black 92 It's seems there is a strip of black By Roy Hamilton L’exposition Art of the Austronesians: The Legacy of Indo-Pacifi c Voyaging, à l’affi che au Fowler Museum de l’UCLA jusqu’au 28 août 2016, présente près de deux cents oeuvres majeures issues des cultures de langue austronésienne des régions côtières de l’Asie du Sud-Est et du Pacifi que. Si les archéologues et les linguistes ont réalisé de nets progrès ces dernières décennies en matière de compréhension de la préhistoire des peuples de langue austronésienne, l’histoire de leurs migrations demeure toutefois méconnue du grand public. Même le mot « austronésien » laisse très souvent perplexe. L’objectif principal de l’exposition consiste à raconter à travers l'art comment les peuples de langue austronésienne sont parvenus à s’établir dans une région couvrant plus de la moitié de notre planète – un authentique exploit réalisé à l’aide de voiliers à l’époque préhistorique. L’ambition de cette manifestation va cependant plus loin en ce sens qu’elle questionne les idées reçues et établies de longue date sur les rapports entre les différents peuples de la région indo-pacifi que et leurs arts. Pour ne donner qu’un exemple : il est rare qu’une même exposition juxtapose des oeuvres d’Indonésie et des oeuvres du Pacifi que, en dépit des liens linguistiques et culturels sous-jacents qui unissent ces peuples largement dispersés. Lorsque les historiens de l’art s’intéressent aux fi liations entre les arts indonésiens et ceux d’autres régions, leur regard se tourne presque toujours vers l’Inde – une région qui a sans conteste fortement inspiré les arts d’Indonésie sur le long terme, mais dont l’infl uence ne s’est exercée que quelque trois mille ans après la migration des peuples de langue austronésienne d’Indonésie vers les Philippines. Cependant, dès que l’on se penche sur la question depuis le prisme des relations panaustronésiennes, de nombreuses oeuvres d’art d’Indonésie apparaissent comme le résultat de la convergence de multiples sources d’inspiration. L’exposition discute également la pertinence du terme classifi catoire largement répandu de « Mélanésie ». La plupart des expositions d’art du Pacifi que mêlent des oeuvres provenant de diverses régions – fl euve Sepik, golfe de Papouasie, golfe d’Huon, Nouvelle-Irlande et îles Salomon (pour citer quelques zones stylistiques parmi les plus connues). Les peuples de la région du Sepik et du golfe de Papouasie parlent toutefois des langues papoues et sont les descendants de populations qui ont vécu en Nouvelle- Guinée pendant quarante mille ans avant que les premiers locuteurs austronésiens n’atteignent leur littoral à bord de leurs pirogues à voile. Autrement dit, les cultures de ces deux groupes différaient en bien des aspects, et pourtant leurs arts ont été rangés sous la même étiquette « Mélanésie » sans se soucier de ces distinctions fondamentales. Techniquement, le terme « austronésien » désigne une famille de langues et non un groupe de peuples ou de cultures. Il vient du mot latin auster, qui signifi e « vent du sud », et du grec nesos, signifi ant « îles » : les langues des îles du sud ou, comme on les appelle parfois, des « terres sous les vents ». Ce terme est très approprié puisque les FIG. 1 : Pirogue chinurikuran. Yami, île Botel Tobago, Taïwan. Milieu du XXe siècle. Bois, pigments et plumes. L. : 460 cm. Don anonyme, Fowler Museum at UCLA, inv. X91.5703a–d. Avec l'aimable autorisation du Fowler Museum at UCLA, photo : Don Cole, 2014. L’art des Austronésiens : l’héritage des périples dans l’Indo-Pacifi que Par Roy Hamilton


T80F
To see the actual publication please follow the link above