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85 FIG. 3 (À GAUCHE) : Photographe inconnu. Sophie Taeuber-Arp : Danse en costume « cubiste ». Zurich, 1916/17 ? Reproduction photographique. © Stiftung Arp e.V. Berlin/ Rolandswerth. Le matériel d’archive et les citations qui ponctuent l’exposition offrent le contexte historique de la confrontation avec un Autre que les artistes dada découvrent au début du XXe siècle par le truchement de sources littéraires, visuelles, sonores et plastiques – cartes postales, journaux coloniaux et musées ethnologiques, pour ne citer que quelques exemples concrets – que Dada Afrika s’attache à présenter au cours d’un parcours construit en quatre étapes dont les titres sont donnés tels qu’ils peuvent être lus dans les salles du Rietberg Museum. FIG. 4 (À GAUCHE) : Marcel Janco Ébauche pour une affi che dada annonçant le spectacle « Le Chant Nègre » du 31 mars 1916. Fusain sur papier à esquisses fi n fi xé sur du papier cartonné. Kunsthaus Zürich, Vereinigung Zürcher Kunstfreunde, Z.Inv.1980/42 © Kunsthaus Zurich 2016, ProLitteris, Zurich. FIG. 5 (CI-DESSOUS) : Figure masculine lefem. Bangwa, Grassfi elds, Cameroun. Début du XXe siècle. Bois. Ex-coll. Han Coray. Völkerkundemuseum Zurich, 10084. © Museum Rietberg, Zurich. photo : Rainer Wolfsberger. DADA PERFORMANCE L’exposition s’ouvre sur les tentatives d’expérimentation et d’immersion dans les cultures non occidentales auxquelles les dadaïstes s’adonnaient dans leurs représentations. La musique, la littérature et les arts d’Afrique et d’Océanie se trouvaient ainsi au coeur des « Soirées nègres » qui se tenaient au Cabaret Voltaire et à la galerie dada à Zurich. Les artistes dada utilisaient des poèmes sonores, des tambours et des danses masquées pseudo-africaines comme formes de provocation et d’innovation (fi g. 3). Ces spectacles tumultueux étaient censés choquer et aliéner le public. Ils cherchaient également à tester les limites physiques et mentales des artistes et à libérer des forces émotionnelles et irrationnelles qu’ils puisaient dans des cultures autres. Celles-ci servaient en effet aux dadaïstes pour invoquer ce qu’ils pensaient être un état authentique de conscience dans lequel l’humanité et le cosmos ne faisaient qu’un, et l’art et la réalité opéraient comme un tout. Destiné à devenir l’affi che de la première représentation du « Chant nègre » au Cabaret Voltaire, le dessin primitiviste de Marcel Janco s’impose comme une oeuvre majeure (fi g. 4). Artiste dada né en Roumanie, ce dernier s’est manifestement inspiré de sculptures africaines telles que cette statue Bangwa des Grassfi elds du Cameroun (fi g. 5). La gestuelle dynamique et l’expression agressive des statuettes réalisées dans cette région manifestent une vitalité débordante, voire déchaînée – un état qui était également recherché dans les soirées dada. Dada Afrika


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