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82 d’une rencontre, brève mais sanglante, avec l’Espagnol Alvaro de Mendaña en 1595. En moins d’une semaine, quelque deux cents Marquisiens furent tués. Les contacts suivants avec des étrangers eurent lieu en 1774 lorsque Cook visita l’archipel. Ils s’intensifi èrent par la suite, véhiculant de nouvelles idées, de nouveaux matériaux, mais également des maladies qui allaient perturber le mode de vie des insulaires, tout en les anéantissant pratiquement au cours du XIXe siècle. Avant d’explorer ce chapitre de l’histoire des Marquises, les visiteurs doivent emprunter un couloir où sont présentés les portraits et les carnets de voyage des premiers explorateurs. On accède ensuite à un espace consacré aux changements qui secouèrent les Marquises au fi l du XIXe siècle. Fin XVIIIe-début XIXe, l’évolution de la culture marquisienne fut pratiquement imperceptible. Les Marquisiens négociaient volontiers pour obtenir des choses utiles comme du métal et du tissu de coton. Grâce aux outils en métal, les sculpteurs pouvaient travailler plus rapidement, plus facilement, et sculpter des motifs plus profonds et complexes. À l’aide de métal chauffé, ils gravaient des motifs sur des fl ûtes et des récipients en bambou. En matière d’ornementation, les perles de verre aux couleurs éclatantes étaient très prisées, comme tout ce qui était rouge, couleur sacrée par excellence, en particulier les vêtements et les plumes. Les dents de cachalot étaient extrêmement recherchées et réservées à l’élite masculine. Les marchands de bois de santal, arrivés en 1811, en vendaient tellement qu’elles en devinrent banales, ornant des objets comme des pipes à tabac. Dans les années 1820, les échanges commerciaux s’orientèrent principalement vers les mousquets, la poudre à canon et les munitions. La violence augmenta et l’introduction de nouvelles maladies précipita le déclin de la population. Estimée à cent mille habitants au XVIIIe siècle, elle baissa à vingt mille personnes dans les années 1830, pour atteindre cinq mille dans les années 18803. Les Européens et les Nord-Américains qui se rendaient aux Marquises avaient des profi ls extrêmement variés et poursuivaient des objectifs différents, documentés dans les carnets, les dessins et les photos réalisés par des militaires, des missionnaires, des écrivains, des anthropologues et des artistes. Parmi ceux-ci, se trouvent quelques personnages célèbres comme Herman Melville, Robert Louis Stevenson, Julien Viaud (Pierre Loti) et Paul Gauguin. La dernière partie de ce chapitre se penche sur le nouveau style sculptural qui émergea au cours des dernières décennies du XIXe siècle, lorsque les Marquisiens se mirent à fabriquer de nouveaux objets, dans un style original et – autre nouveauté – destinés à la vente. Ils commencèrent à sculpter des motifs de tatouage en bas-relief sur la surface FIG. 12 (CI-DESSUS) : Récipient ipu èhi. Îles Marquises. Bois de coco, fi bres de bourre de coco tressées et peinture. H. : 15,5 cm. Collection particulière. © mqB, photo : Claude Germain. FIG. 13 et 14 : Vue complète et de détail d’un coco ipu èhi. Réalisé par Charles Seigel. Omoa, Fatu Iva, Îles Marquises. 1997. Noix de coco et peinture. H. : 15 cm. Collection Carol S. Ivory, Seattle. © mqB, photo : Claude Germain.


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