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138 NARVAL - Monodon monoceros La région géographique relativement étroite et isolée dans laquelle vit le narval ainsi que le faible nombre d’individus au sein de l’espèce font que sa présence dans le commerce mondial de l’ivoire est plutôt limitée. L’ivoire de narval fait toutefois partie de l’art traditionnel et du commerce international des populations inuites, mais il est encore plus présent dans le folklore de l’Europe du Nord où l’on croyait jadis que la défense spiralée était une corne de licorne possédant de puissants pouvoirs de guérison. Des scientifi ques viennent récemment d’établir que ce mammifère marin se servait de cette défense comme d’un organe sensoriel puissant (fi g. 5). L’identifi cation d’ivoire de narval à partir d’autres sources d’ivoire de mammifères est relativement aisée en raison des caractéristiques uniques de la défense. Les narvals femelles développent rarement une défense, si bien que les défenses proviennent principalement des narvals mâles. Les narvals possèdent une seule défense supérieure (deux dans des cas très rares) habituellement torsadée dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. La longueur de cette défense peut aller jusqu’à 7 m, mais se trouve généralement dans une fourchette de 1,5 à 3 m. En raison de la structure en spirale de la défense, la coupe transversale d’une défense de narval révèle des dentelures dans le cément et présente fréquemment des fi ssures longitudinales qui suivent la structure spiralée, ce qui la rend unique parmi les défenses des mammifères. Ces fi ssures peuvent pénétrer à travers la dentine dans la cavité pulpaire. La défense de narval possède un anneau transitoire clairement défi ni entre le cément et la dentine. Le dépôt de la dentine peut également présenter des anneaux visibles et la cavité pulpaire prend la forme d’un grand centre creux qui se prolonge presque sur toute la longueur de la défense (fi g. 4f). HIPPOPOTAME - Hippopotamus amphibius L’habitat semi-aquatique de l’hippopotame se limite essentiellement à l’Afrique subsaharienne, bien que l’espèce ait également peuplé les abords du Nil et du delta du Nil. L’Union internationale pour la conservation de la nature, compétente en matière de population des espèces, reconnaît l’hippopotame comme espèce vulnérable en raison du braconnage non réglementé responsable de la diminution de la population des hippopotames à un peu plus de 100 000 individus25. Actuellement, peu de mesures sont prises pour protéger les mammifères terrestres autres que les éléphants, ce qui contribue à accroître particulièrement la valeur commerciale de l’ivoire d’hippopotame sur les marchés internationaux. Plus important encore, la répression du commerce illicite d’ivoire d’éléphant a entraîné la valorisation de l’ivoire d’hippopotame en tant que substitut26. L’ivoire d’hippopotame est largement représenté dans l’art tribal (fi g. 9), ce qui rend son identifi cation particulièrement importante27. L’ivoire d’hippopotame provient des canines et des incisives supérieures et inférieures qui poussent continuellement tout au long de l’existence de l’animal. On sait que les incisives peuvent atteindre 40 cm de long et les canines 50 cm. Elles ne s’étendent pas au-delà des lèvres et sont dès lors correctement qualifi ées de dents et non de défenses. Les fi nes couches d’émail et de cément sont habituellement enlevées lorsque les dents sont manipulées et sculptées en objets d’art. La dentine se caractérise par des lignes compactes qui suivent la forme générale de la dent. La canine supérieure incurvée possède une dentelure longitudinale profonde qui s’étend sur toute la longueur de la dent sur la paroi interne (linguale) de l’incurvation. Cette caractéristique est particulièrement visible dans une coupe transversale28. La coupe transversale de la canine inférieure est triangulaire. Suivant la forme des deux types de dents, la cavité pulpaire prend la forme d’une ligne courbe ou arquée (fi g. 4g et h). Les incisives de l’hippopotame ont la forme d’un pivot et les coupes transversales révèlent des lignes issues de fi ssures pénétrant dans la couche externe de la dentine déposée de FIG. 13 (À DROITE) : Boîte. Yoruba, probablement Owo, Nigeria. Avant 1873. Ivoire d’éléphant d’Afrique. L. : 19 cm. Don de William Bragg, 1873. British Museum, Londres, inv. Af.8801.a-b. © The Trustees of the British Museum.


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