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TRIBAL people FIG. 5 (EN HAUT) : Harpon ou spécimen. Aléoutes, îles aléoutiennes, Alaska. Probablement première moitié du XIXe siècle. Défense de narval. L. : 175 cm environ. Inscription : « Horn of the narwhal, Barrow Collection » et « Presented to Mr. Barrow by Captain Penny ». Ex-coll. John Barrow, collecté par le capitaine William Penny avant 1855. British Museum, Londres, inv. Am1855,1126,36. © The Trustees of the British Museum. FIG. 6 (DEUXIÈME EN PARTANT DU HAUT) : « Les rennes qui nagent ». Fin du Magdalénien, Montastruc, France. 11 000 av. J.-C. Ivoire de mammouth. L. : 20,7 cm. Exhumé et acheté par le musée à Peccadeau de l’Isle, 1887. British Museum, Londres, inv. Palart.550. © The Trustees of the British Museum. men doit reposer sur de multiples mesures angulaires et être calculé en fonction de la moyenne des résultats. Les molaires des proboscidiens sont parfois utilisées à des fi ns artistiques, le plus souvent en Indonésie, et présentent des stries caractéristiques. Les spécimens anciens sont fréquemment partiellement fossilisés et attribués habituellement au mammouth, même s’il est possible qu’ils proviennent d’un éléphant (fi g. 12b). La distinction entre l’ivoire de l’éléphant moderne et celui d’un ancien proboscidien est fondamentale puisque la vente d’ivoire de proboscidien disparu est relativement peu réglementée, tandis que l’importation et l’exportation d’ivoire d’éléphant font l’objet de réglementations strictes. MORSE - Odobenus rosmarus Le morse peuple l’océan Arctique, une région géographique relativement étroite qui s’articule autour du pôle Nord16. Le morse représente une source prisée d’ivoire, qui est un élément précieux de la culture matérielle et de l’art des indigènes, particulièrement – mais sans s’y limiter – au Groenland, au Canada, en Sibérie et en Alaska (fi g. 7, 8 et 12a)17. Les dents du morse du Pacifi que mesurent en moyenne 5 cm de long et sont sculptées en petits objets d’art et gravées selon la technique du scrimshaw. Cependant, ce sont les défenses saillantes du morse qui sont les plus recherchées. Ces défenses, qui sont des canines supérieures allongées orientées vers le bas en partant de la bouche, peuvent atteindre près d’un mètre de long, aussi bien chez les mâles que chez les spécimens femelles. En analysant une coupe transversale de dent de morse (par opposition aux défenses), l’on observe clairement une épaisse couche composée d’anneaux de cément. Contrairement à d’autres espèces, l’on décèle un anneau transitoire bien formé et quelque peu arrondi entre le cément et la dentine interne18. La structure et la composition d’une dent de morse évoluent avec le temps, car la cavité pulpaire se remplit de dentine secondaire à mesure du vieillissement du morse (fi g. 4c). Un élément important permettant d’identifi er les objets sculptés dans de l’ivoire de défense de morse réside dans les fi ssures longitudinales survenant naturellement et qui se manifestent par l’apparition de fi nes lignes noires. Provoquées par les changements brutaux de température subis régulièrement par le morse lorsqu’il passe des eaux glacées aux roches chauffées par le soleil, ces lignes caractéristiques s’étendent sur la longueur de la défense et sont aisément visibles dans la sculpture d’objets d’art. L’ivoire est parfois utilisé dans des objets qui apparaissent sur le marché de l’art tribal, en particulier certains objets inuits, des poignées de keris et des objets extrêmement anciens13. Bien qu’il soit couramment attribué au mastodonte, l’ivoire des anciens proboscidiens provenant d’Alaska, de Sibérie ou du Canada est en réalité issu à 98 % du mammouth, et les défenses de mastodonte sont si rares qu’elles ne revêtent qu’une importance minime sur le marché de l’art. La majeure partie de l’ivoire des anciens proboscidiens découvert dans des régions moins septentrionales s’est fossilisé et n’est pas utilisé dans l’art traditionnel. Les défenses d’éléphant et de mammouth sont similaires à bien des égards. Elles ont toutes deux des sections transversales arrondies, où la dentine qui compose 95 % de la défense présente de larges bandes circulaires semblables à des cernes d’arbres, causées par les couches de dentine déposées pendant le développement de la défense14. La couche externe de cément autour de la dentine des défenses de mammouth est épaisse et disposée en couches, contrairement au cément de l’éléphant d’aujourd’hui, typiquement plus mince. Les coupes transversales de la dentine de l’ivoire d’éléphant et de mammouth présentent également des hachures caractéristiques causées par les tubules dentinaires, qui forment des lignes uniformes disposées en couches à travers la dentine et appelées « lignes de Schreger ». Un examen microscopique de ces lignes permet l’identifi cation de l’animal source, car les angles d’intersection sont spécifi ques à chaque espèce15. Les angles des lignes de Schreger présentes dans les couches externes de la dentine des défenses de mammouth sont aigus, inférieurs à 90 degrés (fi g. 4b), tandis que ceux disposés de façon comparable dans les défenses des éléphants actuels sont obtus, supérieurs à 90 degrés (fi g. 4a). Cet exa-


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