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Coiffures perlées 117 FIG. 9 : Portrait de profi l d’un homme adulte latooka. Réalisé par le Major Percy Powell-Cotton, Binoc, Soudan du Sud, 1933. Tirage argentique. 16,3 x 11,9 cm. Inscription au dos : “Latuka Death Dance Costume 15/4/33 Sudan, Binoc VI. 5.” British Museum, inv. Af,B8.17. © The Trustees of the British Museum. qu’elles furent retirées avant que les casques ne soient collectés par les Européens. Mack a émis l’hypothèse selon laquelle elles furent peut-être incorporées aux plastrons en cuivre collectés ultérieurement chez les Latooka. Les Schúli (Acholi), un groupe du nord de l’Ouganda, vivent au sud de la région peuplée par les Latooka. Emin Pacha se rendit à Fadibek, dans le district shúli de l’Est, en compagnie du chef Agnok des Acholi : « Les Schúli apprécient davantage les perles que n’importe quelle autre tribu de la région. Les perles rouge sang ainsi que les blanches opalescentes sont particulièrement prisées. Les hommes tissent des cauris et des perles dans leurs cheveux, mais les coiffures sont moins élaborées ici, comparées à celles observées chez les Schúli qui vivent plus au sud ou à l’est. Les ornements en fer sont omniprésents.11 » Les Lur (ou Alur), qui sont apparentés aux Acholi et vivent au sud de la région de Mahdi, portent « des perruques et des casquettes de cauris provenant de l’est de la région schúli, les imposantes coiffures des Lango de l’Ouest, avec des boucles en tire-bouchon montées en spirales. »12 Emin et Baker insistent tous deux sur le fait qu’à cette époque, les perles avaient une valeur commerciale appréciable et que les femmes portaient également des cordons de perles de différentes tailles et couleurs autour de la taille ou du cou. Durant les années 1880 et 1890, les Européens furent contraints d’interrompre leur exploration de la région, en raison de la révolte mahdiste qui secouait le Soudan. La répression de ce soulèvement exigea un énorme effort militaire de la part des Britanniques, coûta la vie à l’ancien gouverneur général Charles Gordon et isola entièrement la province d’Équatoria, alors sous l’emprise du régime mahdiste ultra-orthodoxe. En 1902, date à laquelle les Britanniques prirent défi nitivement le dessus sur les mahdistes, le commandant Charles Delmé-Radcliffe entreprit une expédition en direction du nord de l’Ouganda et du sud du Soudan et rapporta une collection variée d’objets acholi, abrités aujourd’hui au British Museum. Les Acholi possédaient un type de coiffe dont la partie en feutre entourant le bord contenait des fragments d’os et un bâton en bois, tandis que la zone du cou était pourvue d’une forme conique perlée et surmontée d’une cartouche vide. En 1904, Albert Bushnell Lloyd décrivit les coiffes des Acholi : « Elles consistent en un cône de cheveux emmêlés singulièrement travaillé, avec des perles soigneusement cousues tout autour et une douille vide enfoncée en son sommet. De vieux couvercles de fusils sont également fi xés à la base du cône et polis avec soin … Ce cône de cheveux est maintenu sur la tête par une fi celle de coquillages incisés à l’arrière de la tête et une longue punaise en fer.13 » Les Acholi créaient d’autres coiffes-casques plus conventionnelles faites de bandes de cuir et étaient ornées de perles de verre, généralement blanches et rouges, cousues en forme de spirale (fi g. 5). Ces motifs étaient sans aucun doute inspirés de modèles intemporels et répandus. En 1902 et 1903, Percy Powell-Cotton mena une vaste expédition consacrée principalement à la chasse. Il traversa l’actuel Kenya, l’Ouganda et le Soudan jusqu’au Congo.


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