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fi celles, comme on le faisait auparavant avec les graines, les carapaces d’insecte, les plumes et d’autres matériaux. Les coiffures contribuaient non seulement à développer et renforcer l’identité d’un groupe, mais traduisaient également la richesse des guerriers, car elles constituaient aussi des symboles de statut. Selon l’africaniste John Mac1 : « L’allégeance à un clan ou à un territoire, l’âge, le sexe, la condition rituelle et même les différents exploits guerriers sont autant d’éléments qui modifi ent les codes de l’ornementation corporelle. » En règle générale, les jeunes hommes de cette région commençaient à laisser pousser leurs cheveux après la puberté. Lorsqu’ils atteignaient l’âge de devenir des guerriers, leur coiffure ressemblait à un casque. En revanche, les femmes appartenant aux groupes nilotiques avaient pour la plupart les cheveux courts. Si certains hommes n’utilisaient aucune perle de verre, la majorité d’entre eux en portaient et beaucoup avaient les cheveux recouverts presque intégralement de perles. Des coiffures de ce genre sont mentionnées dans les écrits de plusieurs explorateurs et chercheurs, des comptes rendus qui constituent de précieux documents sources. Les tribus Nuer et Dinka vivent dans les régions les plus septentrionales du Soudan du Sud. Le Nil étant facilement navigable dès les rapides de la région de Bari, en amont du fl euve, les liens commerciaux avec l’Égypte ont permis à ces tribus d’entrer en contact avec des Européens plus tôt que la plupart des autres peuples de l’intérieur du continent africain et, dès lors, d’avoir accès à des perles de verre. Des fouilles menées en Afrique du Sud, au Zimbabwe, au Malawi et en Afrique de l’Est ont apporté la preuve que les perles de verre provenant d’Égypte étaient connues au sud du Sahara dès le Xe siècle de notre ère. Marchand d’ivoire, puis consul du Royaume-Uni au Soudan, John Petherick collecta une parure recouvrant à la fois la tête et le cou chez les Nuer entre 1853 et 1859, ornement qui fi gure désormais dans la collection du Pitt Rivers Museum. Il se compose de grandes perles blanches cylindriques attachées à un maillage de fi bres, du coton sans aucun doute2 (fi g. 2). À l’exception de la partie couvrant le cou, la forme et la couleur de cet objet rappellent les casques militaires tropicaux portés par les soldats aux uniformes européens avec lesquels les Nuer ont pu entrer en contact, ne fut-ce qu’à l’occasion de confl its. L’objet a également été décrit comme similaire aux ornements en mailles circassiens, bien que cette ressemblance ne concerne que l’aspect extérieur de la parure. En général, des infl uences externes de ce genre reposent uniquement sur des suppositions et sont, dès lors, souvent controversées. Dans son livre publié en 1861, Petherick mentionne des objets portés par des chefs neanglau, un groupe de langue dinka. « Le chef Anoin et son frère portaient des FIG. 2 (EN BAS À GAUCHE) : Coiffe perlée avec partie couvrant le cou. Nuer, Soudan du Sud. Milieu du XIXe siècle. Fibres végétales, corde et perles de verre. H. : 49 cm. Collecté par John Petherick entre 1853 et 1859. Ex-coll. Augustus Henry Lane Fox Pitt Rivers. Pitt Rivers Museum, inv. 1884.32.3. © Pitt Rivers Museum, University of Oxford. FIG. 3 (CI-DESSOUS) : Carte du Soudan du Sud et des régions avoisinantes. Dessin d’Alex Copeland : polariscartography.com. Coiffures perlées


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