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101 d’inspiration ou bien encore la diversité des styles. L’un des regrets que l’on pourrait avoir concernant ce volume des Annales est qu’il n’ait pas connu un deuxième tome qui aurait intégré les nouvelles données émanant du fl ot d’acquisitions sans cesse grandissant depuis 1907. Ainsi, dans les années 1910, l’offi cier A. Hutereau rapporta plus de quatre cent cinquante céramiques et, à la même période, le conservateur J. Maes, alors en mission au Congo pour le musée, fi t la collecte d’approximativement deux cent soixante exemplaires. Dans les années 1930, ce fut l’herpétologiste G. de Witte qui offrit au Musée du Congo Belge, pour lequel il travaillait, une centaine de pièces au nombre desquelles se trouvaient de rares Le goût de la terre FIG. 4 (EN BAS, À DROITE) : Céramique anthropomorphe. Kanyok, RDC. 27 x 17 cm. Collectée avant 1897. MRAC, n° inv. EO.0.0.14968. Dans la littérature, les pots anthropomorphes des Kanyok et des Luba sont souvent décrits comme ayant une fonction religieuse (voir Nooter-Roberts, 1995, p. 367). Le fait est qu’il existait, notamment chez les Luba centraux des lacs du Lualaba, des poteries de ce type qui étaient utilisées dans un cadre divinatoire. Toutefois, je suis réticent à admettre qu’un goulot céphalomorphe d’une céramique luba ou kanyok constitue un indice iconographique suffi samment fi able pour permettre de rattacher sans hésitation l’objet à un contexte rituel. En effet, les potières des deux cultures ici mentionnées ont bel et bien réalisé des mutshibi et autres kasab (pots, cruches) à goulot céphalomorphe n’ayant pour seule fonction que de contenir des liquides (eau ou boissons alcoolisées). Considérant cela, il importe de rester très prudent quant à la fonction défi nitive du récipient ici présenté. Les seules données que nous mettrons en avant sont les suivantes : 1) Ce pot a contenu un liquide ayant laissé un résidu blanchâtre, légèrement huileux et vaguement odorant… peut-être du vin ou de l’huile de palme. 2) Ce pot, par son apparence générale et l’aspect de sa tête façonnée, se rapproche de contenants observés dans le village de Kalamba dont l’usage était réservé au chef et aux notables. FIG. 3 : Céramique anthropomorphe réalisée par Voania. Woyo, RDC. 41 x 18 cm. Collectée avant 1931, don de Sa Majesté Albert Ier. MRAC, n° inv. EO.0.0.32948. FIG. 5 (À GAUCHE) : Potière et potier makere. Région de Medje, RDC. Photographie prise par H. Goldstein en 1949, archives du MRAC, n° inv. EP.0.0.14120. Ce cliché atteste d’une pratique assez intéressante concernant la fabrication de ces kede ou kpengu. On observe que la réalisation de ces pots anthropomorphes incluait une division du travail entre un potier et une potière. Si la femme avait la charge de réaliser la panse de la cruche, il revenait à l’homme de s’occuper de la partie fi gurative : le goulot. On relèvera que cette répartition des tâches se rencontrait en d’autres endroits de l’ex-Congo belge mais n’impliquait pas nécessairement une distinction des sexes. Ainsi, une photographie prise à la même époque dans la région de Dilolo montre deux potiers réalisant différentes parties d’une même céramique (fi g. 6).


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