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DOSSIER C’est dans l’une des nombreuses salles de réserves du Musée royal de l’Afrique centrale (MRAC), à Tervuren, que se trouvent entreposées plus de quatre mille poteries ethnographiques de la République démocratique du Congo (RDC) et, dans une moindre mesure, du Rwanda / Burundi. Plusieurs centaines de céramiques issues d’autres pays africains s’ajoutent à ces milliers de pièces. Cette collection unique au monde fut patiemment constituée par cette institution fédérale belge pendant plus de cent ans par le biais de collectes, de dons ou d’achats. Le spectacle de ces rangées de terres cuites a de quoi surprendre et émerveiller : formes exubérantes, gravures fi nes parfois rehaussées de poudres végétales ou minérales, variation des coloris allant du noir profond au blanc éclatant, travail de vannerie enlaçant amoureusement l’argile durcie… Jusqu’à présent, cette riche collection a été boudée en termes de présentation muséale. Si de nombreux exemplaires de masques et de statuettes du MRAC ont connu le feu des projecteurs lors d’expositions nationales et internationales, il n’en va pas de même pour la céramique qui fut bien souvent délaissée à l’exception de quelques « stars » telles que les marbrées1 du Bas-Congo, les cruches anthropomorphes provenant de différents groupes (Kanyok, Luba, Makere, Mamvu…) ou bien encore les réalisations de l’artiste woyo Voania (fi g. 1-4). FIG. 1 (EN BAS À GAUCHE) : Poterie marbrée. Kongo, RDC. 12 x 19 cm. Collectée par E. Dartevelle vers 1948. MRAC, n° inv. EO.1949.23.10. Pour tous les visuels © MRAC, photo : Jean-Marc Vandyck. FIG. 2 (CI-CONTRE) : Cruchon anthropomorphe kpengu. Mamvu, RDC. 26 x 15 cm. Collecté avant 1930 par le père P. Schebesta. MRAC, n° inv. EO.0.0.32650. Les céramiques de ce type (voir aussi fi g. 5), qui étaient fabriquées par les Mangbetu et d’autres peuples du nord-est de la RDC, apparaissent dans les collections de Tervuren à partir du début des années 1910. Le goût de la terre Par Julien Volper Les collections céramiques du MRAC 100 En fait, on peut dire que le seul véritable travail qui rendit justice à cette richesse des réserves fut une publication de 1907 des Annales du Musée du Congo (actuel MRAC) qui eut comme auteurs deux directeurs de l’institution, E. Coart & A. de Haulleville. Cet ouvrage est accompagné de planches d’une grande qualité graphique (fi g. 11) qui permettent au lecteur d’embrasser en un regard la diversité des productions céramiques de RDC possédées par le MRAC au début du XXe siècle (fi g. 7, 8 et 12). Pour autant, il serait par trop restreint de limiter ce livre à ses seules images. Au fi l des pages, on y trouve réunies de nombreuses informations portant sur les méthodes de confection et de cuisson, la nature des enduits, l’analyse chimique de certaines argiles, les techniques d’ornementation, le modèle


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