ADAM 136 2014 CAHIER PILAT Par Max Itzikovitz Dans le monde des arts premiers comme ailleurs, les oeuvres de qualité sont rares (je proscris le mot « chefd’oeuvre », si galvaudé, que je réserverais à la Vénus de Lespugue...). Mais transcendant leur époque, des artistes inspirés, démiurges, ont créé des oeuvres d’exception hors des sentiers battus. Quant au collectionneur, lui, c’est un nouveau regard qu’il porte sur ces arts. Mais le collectionneur rajoute quand l’amateur retranche car il cherche l’excellence. C’est ce qu’Ana et Antonio Casanovas démontrent brillamment dans leur superbe livre nommé ADAM : 179 sculptures de tous les horizons et de toutes les époques traversant les continents et les siècles. L’excellence, Ana et Antonio sont allés la chercher jusque dans les îles perdues d’Indonésie. Cette belle statue de l’île de Keï est une de leur découverte car nul voyageur ni ethnologue n’avait ramené avant eux une sculpture de cette île : cet art était inconnu ! J’aimerais évoquer chacun des objets de ce livre d’exception : car ADAM ne décrit pas ; ADAM n’explique rien, et c’est tant mieux. Autour de tant de sculptures sublimes (je pèse mes mots), il n’y a que le silence qui prévaut. Les talentueuses photos de Manel Armengol nous disent l’essentiel... Le choix du noir et blanc est essentiel : la qualité sculpturale, soit tridimensionnelle, des pièces apparaît dans toute sa profondeur, ce qu’une planche couleur ne parviendrait pas à révéler de la même sorte. Un grand coup de chapeau à Juan Laguna, réalisateur du fi lm en couleur qui accompagne l’ouvrage. C’est bien la première fois qu’une caméra sensible tourne autour d’un objet, s’éloignant puis revenant sous un autre angle pour découvrir des aspects inattendus d’une sculpture. Le résultat est plein de surprises ! Mais laissons-nous aller à livrer notre enthousiasme à propos de quelques-unes de ces oeuvres. CI-DESSUS : Statue. Îles Australes. Les miracles semblent coutumiers dans la famille Casanovas. Cet exemplaire, unique témoin de ce style dans ces îles dispersées de Polynésie nous permet de prendre la mesure des pertes incommensurables dues aux autodafés pratiqués au XIXe siècle. La maîtrise de ces artistes était-elle toujours de la qualité de cette divinité AA’ ? Les bras géométriques, étirés, s’opposent au torse et aux jambes épaisses ; mais la petite tête si bien dessinée qui surmonte l’ensemble nous rappelle la Polynésie séculaire. ADAM, pièce reproduite en fi g. 147. Retour sur le PILAT 2014 Mention spéciale du jury Éd. Arte y Ritual, Ana et antonio Casanovas. 34 x 31 cm, 180 pages, Reliure pleine toile avec jaquette sous étui, 266 ill.
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