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Pointe de projectile d’Ishi 119 FIG. 10 (CI-DESSUS) : “Arrowheads of obsidian, fl int, and glass, made by Ishi.” (« Pointes de fl èches en obsidienne, silex et verre faites par Ishi »). Extrait de Saxton T. Pope, “Yahi Archery,” dans A. L. Kroeber (éd.), University of California Publications in American Archaeology and Ethnology, vol. 13 (1917–1923), no 3, p. 103-152, University of California Press, Berkeley, 1918, pl. 21. Le style lithique d’Ishi est riche en informations. Alors que Kroeber préférait qu’Ishi utilise de l’obsidienne pour ses démonstrations, jugeant ce matériau plus conforme du point de vue historique, Ishi travaillait fréquemment le verre, comme il l’avait fait souvent avant ses contacts avec les Occidentaux. En effet, l’énorme bouleversement culturel induit par la Ruée vers l’or avait perturbé les routes commerciales traditionnelles qui acheminaient depuis longtemps l’obsidienne venant du nord. Lui et d’autres avaient dès lors dû s’adapter à cette situation nouvelle et travailler avec de vieilles bouteilles en verre et même des isolants électriques en verre coloré qu’ils se procuraient sur les lignes électriques et télégraphiques. La consistance structurelle du verre lui permit de développer une technique minutieuse qui était plus diffi cile à atteindre avec la pierre. Il devint l’un des plus grands virtuoses de son art. Sur le plan du style, ses oeuvres sont également éloquentes. La majorité de ses pointes de projectile constituent une variante des pointes à encoches latérales produites par le sous-groupe Redding vivant dans le désert du Grand Bassin, caractérisées par les formes de trous de serrure à « entrée étroite » particulièrement subtiles et raffi nées des encoches. L’anthropologue du Hearst Museum, Steven Shackley, a observé que cette forme était plutôt réalisée par des peuples voisins Nomlaki et Wintu parlant le pénutien. Ceux-ci étaient les ennemis des Yana / Yani avec lesquels ils se disputaient les ressources disponibles. Étant donné que les techniques lithiques se transmettaient habituellement entre des hommes de la même famille, on peut en déduire qu’Ishi a appris ces techniques auprès d’un membre d’une tribu rivale, probablement parce que les pressions de l’extérieur avaient tellement réduit les populations que des ennemis de longue date avaient dû s’unir pour survivre. Cette théorie demeure cependant discutable, notamment du fait que le style de créations en pierre d’Ishi évolua pendant le temps qu’il passa au musée. Cette pointe ne doit pas, en conséquence, être tenu pour une pièce représentative de la tradition Yahi, mais plutôt comme le résultat d’une destinée bien particulière.


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