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Dans une discipline hantée par l’éternelle question : « Pourquoi n’y a-t-il pas plus de jeunes collectionneurs 120 ? », Javier Peres sort du lot car, à peine entré dans la quarantaine, il est précisément un jeune collectionneur, qui plus est extrêmement actif et vouant une passion hors du commun à l’art africain. Sa galerie d’art contemporain, Peres Projects, établie aujourd’hui à Berlin, participe à peu près à tous les salons d’art dignes de ce nom. Elle s’est développée progressivement, d’abord à San Francisco, puis à Los Angeles, New York et Athènes. Où qu’il fût, Peres a toujours fait parler de lui sur la scène artistique internationale en raison de ses choix audacieux et de son intransigeance dans l’exercice de son métier. Au fi l des années, il a exposé des artistes de renom comme Terence Koh, Bruce LaBruce, Assume Vivid Astro Focus, Joe Bradley, Dan Colen, Dash Snow, Agathe Snow, Kirstine Roepstorff, Alex Israel, David Ostrowski, Brent Wadden, Leo Gabin et Mark Flood. Les oeuvres de ses artistes ont été présentées notamment à la Biennale de Venise, la Whitney Biennial, la Tate Triennial et la Biennale de São Paulo. Si son travail dans le domaine de l’art contemporain est acclamé – et parfois décrié – dans le monde de l’art, son rapport à l’art africain est relativement méconnu, bien qu’il fasse depuis longtemps partie de sa vie et de sa perception esthétique. Nous lui avons récemment rendu visite dans son très bel appartement de Berlin. Autour d’un thé servi dans une tasse Peter Shire, nous avons évoqué la remarquable collection d’art africain partageant harmonieusement l’espace avec des tableaux grand format de peintres contemporains majeurs dont Peres a, pour la plupart, lancé la brillante carrière. Tribal Art magazine : Le compte Instagram de votre galerie d’art contemporain (@peresprojects) présente une grande partie de vos objets africains, dont beaucoup sont identifi és par le hashtag #obsessed, d’une concision particulièrement éloquente. Comment expliqueriez-vous la nature de votre rapport à l’art africain aux personnes étrangères aux réseaux sociaux ? Javier Peres : J’utilise #obsessed lorsqu’une oeuvre d’art me laisse littéralement sans voix. Je pense que la première fois que je l’ai utilisé, c’était pour la maternité urhobo du Louvre. Cette sculpture est l’une de mes oeuvres d’art préférées. Elle est dynamique, puissante et douce à la fois. Je n’ai jamais rien vu de comparable et j’en ai même rêvé. L’art africain exerce une emprise considérable sur moi depuis longtemps. Le fait de vivre au milieu des oeuvres que je collectionne me rend particulièrement heureux. L’art africain a également infl uencé mes critères esthétiques, notamment par rapport à ce qui m’intéresse dans l’art contemporain. Parmi les artistes contemporains que j’ai été le premier à soutenir, certains, comme Terence PERSONNALITÉ #OBSESSED JAVIER PERES et l’art africain Propos reccueillis par Jonathan Fogel FIG. 1 : Javier Peres, Berlin, 2015. Photo : Andrea Rossetti. Toutes les photographies de pièces contemporaines ont été reproduites avec l’aimable autorisation de Peres Projects, Berlin. Koh et Joe Bradley, ont créé des oeuvres qui faisaient écho à divers peuples africains, par exemple les Punu du Gabon dans le cas de Koh et les Dogon / Tellem concernant Bradley. Mais j’ai toujours séparé mon intérêt pour l’art africain de mes affaires dans le domaine de l’art contemporain et ce n’est que depuis quelques années que j’ai décidé de réunir ces deux composantes de mon existence. Les réseaux sociaux me permettent de montrer l’art africain à un public plus large qui s’intéresse déjà à la culture matérielle et de partager avec lui la manière dont j’intègre ces traditions artistiques. T. A. M. : Vous êtes un galeriste d’art contemporain renommé et vous n’avez pas hésité à manifester votre sensibilité pour l’art africain dans votre galerie et lors d’expositions non commerciales. Dans quelle mesure l’art africain rejoint-il pour vous l’art contemporain ? Comment les collectionneurs d’art contemporain réagissent-ils à vos installations ?


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