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86 FIG. 12 : Seydou Keïta (Malien, 1921/23–2001), femme allongée, années 1950–1960. Épreuve à la gélatine argentique, 1975. 13 x 19 cm. Metropolitan Museum of Art. Don de Susan Mullin Vogel, 2015. Une femme est allongée sur le côté sur un somptueux textile, dont les motifs à damiers contrastent avec les arabesques ornant la toile de fond verticale. Cette pose revient très souvent chez les photographes d’Afrique de l’Ouest. Alors que les Occidentaux l’associent souvent à l’archétype de l’odalisque des tableaux orientalistes du XIXe siècle, cette attitude évoque en réalité une position régulièrement adoptée à la maison en présence d’invités, lors d’événements formels ou informels. Cette posture allongée ne suggère pas la sensualité, mais permet au modèle de montrer sa tenue et d’exprimer sa sociabilité alors qu’elle divertit élégamment ses invités et impose sa présence. devenue une affaire lucrative et fl orissante au Sénégal. Des studios photo étaient actifs aux quatre coins du pays, et plus seulement dans les principaux centres urbains. Souvent, les photographes ne signaient pas leurs tirages. En revanche, chacun d’entre eux avait développé son propre style, comme en témoigne une sélection de huit oeuvres produites par divers artistes (fi g. 7). Mama et Salla Casset faisaient partie des photographes les plus populaires de Dakar. Fils d’une famille issue de la classe moyenne de Saint-Louis, les frères Casset ont commencé la photographie comme assistants de deux photographes français, Tennequin et Oscar Lataque, dans les années 1910 avant d’établir tous deux leur propre studio dans la capitale au début des années 1940. Photographes urbains, leurs clients appartenaient à la classe moyenne en pleine ascension, dont les goûts et l’imagination étaient nourris par la culture émergente des médias de masse, notamment des magazines et des fi lms populaires venant d’Europe, d’Afrique du Nord et d’Inde (fi g. 8). MALICK SIDIBÉ (MALIEN, NÉ EN 1936) Malick Sidibé est réputé pour ses clichés dynamiques liés à la culture malienne des années 1960. Formé par le photographe français Gérard Guillat-Guignard, il fonde son studio en 1962 à Bamako. Dans le sillage de l’indépendance du Mali par rapport à la France, Sidibé capture l’exubérance et le bouillonnement de la jeune génération immergée dans la culture panafricaine et dans celle de la diaspora. Les treizes tirages anciens exposés, réalisés dans son studio et chez des particuliers, démontrent la diversité du travail de Sidibé. Ses photos, environ de la taille de cartes postales, constituaient des objets appréciés qui étaient commandés, échangés, encadrés et souvent exposés avec soin (fi g. 9 et 10). SEYDOU KEÏTA (MALIEN, 1921/3-2001) ET OUMAR KA (SÉNÉGALAIS, NÉ EN 1930) En présentant cinq photos de Seydou Keïta face à cinq oeuvres d’Oumar Ka, cette partie met l’accent sur la variété des pratiques esthétiques et photographiques qui coexistaient à travers la région. Poses, mouvements, vêtements, arrière-plans et paysages étaient extrêmement variés, particulièrement entre les régions urbaines et rurales. Né à Bamako au début des années 1920, Seydou Keïta a été l’un des précurseurs de la photographie au Mali. Après avoir appris les techniques de la chambre noire auprès des photographes Pierre Garnier et Mountaga Kouyaté, Keïta fonde son propre studio en 1948. En un peu plus de dix ans, il produit environ dix mille négatifs immortalisant l’élite bamakoise. Posant son objectif sur des modèles dont il capture l’essence cosmopolite, Keïta a créé le mythe de


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