Page 86

•TribalPaginaIntera.indd

de l’exposition présente une sélection de douze cartes postales 84 datant des années 1890 aux années 1920 et produites par des photographes africains et européens. En déjouant les attentes quant à l’identité de l’auteur ou du client, ces oeuvres symbolisent l’ambiguïté des images qui revêtent une signifi cation différente en fonction du contexte dans lequel elles évoluent (fi g. 4). TRAVAUX D’AMATEURS La seconde partie de l’exposition s’intéresse à des images prises par deux photographes amateurs à Saint-Louis au Sénégal, des années 1910 aux années 1940. Capitale historique de l’Afrique de l’Ouest française, Saint-Louis jouissait d’une situation privilégiée : son port réceptionnait les technologies les plus récentes avant leur diffusion vers l’intérieur, et la ville abritait également une population cosmopolite bénéfi ciant de la citoyenneté française. Si les noms de ces amateurs nous sont inconnus, leurs oeuvres livrent quelques indices quant à leur identité : l’un d’eux était un Wolof, le groupe ethnique dominant au Sénégal (fi g. 5), tandis que l’autre était métis, à savoir d’origine européenne et sénégalaise (fi g. 6). Contrairement aux photographes professionnels, ces amateurs ne travaillaient pas au sein de l’espace structuré d’un studio. Ils prenaient plutôt des photos pendant leur temps libre en utilisant leurs maisons ou le paysage urbain en guise d’arrière-plan. LE TRAVAIL EN STUDIO AU SÉNÉGAL Dans les années 1950, la photographie de portraits était FIG. 6 : Artiste inconnu (Sénégal), trois femmes, plein air, c. 1915. Négatif sur verre. 5,7 x 7,6 cm. Metropolitan Museum of Art. Visual Resource Archive, Department of the Arts of Africa, Oceania, and the Americas (VRA.2014.8.016). Comme de très nombreuses autres familles de Saint-Louis, les femmes photographiées ici sont métisses, résultat d’un mélange profondément ancré qui puise ses origines dans la présence portugaise au Sénégal durant le XVIe siècle. Au sein de cette société d’échanges, les femmes jouissaient d’un exceptionnel pouvoir économique et politique et jouaient un rôle prépondérant dans la colonie. Sur cette image, les femmes sont vues de loin pendant leur temps libre dans un parc. De cet angle, l’observateur peut à peine distinguer leur visage et la composition est dominée par les grands palmiers et la lumière du soleil qui fi ltre à travers leurs branches. La forte présence féminine sur cette série de photos révèle le goût des femmes pour ce moyen d’expression et laisse entrevoir la possibilité qu’elles aient pu elles-mêmes les réaliser. FIG. 7 : Artiste inconnu (Sénégal), deux femmes dans un studio de portrait, années 1950–1960. Épreuve à la gélatine argentique. 17,8 x 13 cm. Metropolitan Museum of Art. Visual Resource Archive, Department of the Arts of Africa, Oceania, and the Americas (VRA.2014.8.050). FIG. 8 : Mama Casset (Sénégalais, 1908–1992), deux femmes allongées, années 1950–1960. Épreuve à la gélatine argentique. 12,7 x 17,5 cm. Metropolitan Museum of Art. Visual Resource Archive, Department of the Arts of Africa, Oceania, and the Americas (VRA.2014.8.049). Contrairement aux photographes plus anciens, Mama Casset a expérimenté l’éclairage artifi ciel et le cadrage serré. Souvent, il fl outait l’arrière-plan pour rehausser les traits du visage du modèle, ses yeux, son expression et les mouvements de ses mains. En jouant sur la netteté de l’image et l’effet de clair-obscur, Casset a créé des photos dynamiques qui consacrent le modèle à la manière d’une star de cinéma.


•TribalPaginaIntera.indd
To see the actual publication please follow the link above