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83 installé des studios temporaires et permanents le long de la côte atlantique qui répondaient aux besoins de l’élite locale (fi g. 2 et 3). Dès les années 1920, la photographie était profondément ancrée dans la culture des plus grands centres urbains de la région. Plus que tout autre moyen d’expression, la photographie a intégré les Africains dans une économie visuelle mondiale en tant que commanditaires, consommateurs et producteurs. CARTES POSTALES Les cartes postales sont des images destinées à voyager : elles sont bon marché, mobiles et multiples. De 1900 à 1960, la production totale de cartes postales en Afrique de l’Ouest a atteint près de neuf mille séries. Si ce secteur a servi et soutenu les intérêts des autorités coloniales, la production et la consommation des cartes postales n’étaient pas exclusivement réservées aux Européens. Au contraire, les photographes africains se sont rapidement approprié ce support. Les clients locaux commandaient manifestement des portraits qui circulaient par la suite (avec ou sans leur autorisation) sous forme de cartes postales. Une section FIG. 3 (CI-DESSOUS) : Alex Agbaglo Acolatse (né au Ghana en 1880, mort au Togo en 1975), portrait de groupe, 1900–1920. Négatif sur verre. 16,5 x 21,6 cm. Metropolitan Museum of Art. Visual Resource Archive, Department of the Arts of Africa, Oceania, and the Americas (VRA.2015.1). Cette photo illustre l’activité d’Acolatse en tant que photographe de portrait de la classe supérieure de Lomé au début du XXe siècle. En utilisant uniquement la lumière naturelle, il a photographié un groupe de modèles masculins alors qu’ils posent en plein air devant une grande toile de fond. Les toiles de fond peintes de ce genre, représentant un intérieur aristocratique, étaient rapidement devenues omniprésentes dans les studios, car elles offraient la possibilité de projeter instantanément le modèle dans une réalité différente et artifi cielle. FIG. 4 (CI-DESSUS) : Artiste inconnu, probablement Louis Hostalier (Français, actif c. 1890–1912), À Nioro (Soudan) – Femmes et fi ls de marchand ouolofes, Soudan français (Mali), c. 1900–1910. Reproduction photomécanique format carte postale. 13,3 x 8,3 cm. Metropolitan Museum of Art. Visual Resource Archives, Department of the Arts of Africa, Oceania, and the Americas (VRA.2014.8.026). Respectant les conventions établies en matière de portraits photographiques formels, les modèles font face à l’objectif, posent les doigts sur leurs genoux et tournent leurs chaussures marocaines vers l’extérieur. Cette position leur permet de mieux montrer les motifs teints par ligature de leurs textiles indigo. Proches de l’objectif, les modèles remplissent le plan de la photo ; leurs tenues volumineuses créent une composition pyramidale qui imprègne l’image d’une certaine gravité. Le photographe a éliminé toute impression de mouvement au profi t de l’aspect statuesque des modèles. FIG. 5 (À DROITE) : Artiste inconnu (Sénégal), homme assis, années 1930–1940. Épreuves à la gélatine argentique. 13,3 × 8,3 cm. Metropolitan Museum of Art. Visual Resource Archive, Department of the Arts of Africa, Oceania, and the Americas (VRA.2014.8.027.1). Durant son temps libre, ce photographe amateur wolof inconnu de Saint- Louis réalisait des portraits de ses amis et des membres de sa famille lors de rassemblements sociaux et d’occasions particulières. Parmi la douzaine de petites épreuves ayant subsisté, plusieurs représentent ses compagnons posant devant des « galeries de photos ». Ces portraits réalisés à l’intérieur des demeures des membres de la classe supérieure de Saint-Louis témoignent de l’omniprésence de la photographie durant l’entre-deux-guerres.


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