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PeRSOnnAliTÉ 134 Alain Weill : Il est en effet mal compris, probablement victime d’une sorte de conspiration. Quand, à la charnière du XIXe et du XXe siècle, les premiers marchands ont commencé à importer des objets venus d’Afrique, et que d’aucuns comme Paul Guillaume en ont vendu aux premiers collectionneurs des avant-gardes alors que Picasso, Braque, Derain, Vlaminck les chinaient de leur côté, ils ont créé une sorte de standard. Les statues fang, les gardiens de reliquaire kota ou encore les masques dan dont la magie a été relayée par la suite par les surréalistes Alain Weill, l’homme blanc derrière des statues noires pas comme les autres Entretien avec Alex Arthur et Elena Martínez-Jacquet FIG. 1 : Caricature d’Alain Weill représenté en offi cier colonial à cheval, par Pierre Le Tan. Curieux, vif, éloquent, lucide, tel est Alain Weill. Spécialiste de l’affi che et des arts graphiques, il est aussi collectionneur de tout genre d’incertitudes – pour reprendre une expression qu’il affectionne –, parmi lesquelles ces créations africaines représentatives de l’art dit « colon » : fi gures de missionnaires, statues affublées de casques coloniaux et bien d’autres représentations témoignant de la rencontre avec la culture occidentale. Nous avons vu Alain Weill quelques jours avant l’ouverture de l’exposition Homme blanc – Homme noir. Impressions d’Afrique à la Fondation Pierre Arnaud (Lens, Suisse) qui, jusqu’au 15 octobre 2015, s’intéresse aux ponts entre les arts occidentaux et les arts d’Afrique. Cet événement conçu par Nicolas Menut, Christophe Flubacher et Alain Weill a été construit principalement à partir de la collection d’art colon de ce dernier. Il a servi de prétexte à une conversation animée sur la nature de l’art colon et sur ce qui réveille chez lui l’émotion et la pulsion de collection. Tribal Art Magazine : Art de contact, l’art colon n’a pas la faveur des grands collectionneurs qui l’assimilent souvent, à tort, à un art non authentique, décadent. Et pourtant, il s’agit bien d’une forme d’expression originale et pleine d’invention ! Quelles sont d’après vous les raisons de ce malentendu ? FIG. 2 : Étal d’un sculpteur au marché de Pointe-Noire (République du Congo), vers 1900. On y reconnaît des objets bakongo. Carte postale. FIG. 3 : Lunettes. Ghana. Or à bas titre. L. : 13 cm. Photo : Alberto Ricci.


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