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La statuaire lumbu 23 PAGE PRÉCÉDENTE FIG. 5a-b : Statue agenouillée. Lumbu, Gabon. Bois. H. 30 cm. Collection privée, France. © Hughes Dubois. FIG. 6 : Statue nkondi. Lumbu, Gabon. Bois. H. : 31,5 cm. Ex-coll. Josef Mueller ; Philippe Guimiot ; Helen et Robert Kuhn. Fowler Museum at UCLA, Los Angeles, inv. X92-46. FIG. 7 (EN HAUT, À DROITE) : Statue aux calebasses. Lumbu, Gabon. Bois. H. : 35 cm. Ex-coll. : Sig Joham Umlauf. Staatliche Museum Zu Berlin, 1905. Inv. : IIIC20277. © Bpk / Ethnologisches Museum, SMB / Martin Franken. FIG. 8 (EN BAS, À DROITE) : Statue. Lumbu, Gabon. Bois. H. : 25 cm. Ex-coll. Baron Rolin. Coll. Rita et John Grunwald, Indianapolis. Indiana University Art Museum, photo : Michael Cavanagh et Kevin Montague. projetée vers l’avant, un corps aux lignes courbes, des pieds en « râteau » ou ronds et, enfi n, le port de bijoux. C’est dans le rendu des coiffures que la spécifi cité lumbu apparaît le mieux. Cinq différents types de coiffures se dégagent : celle en forme de casque (ou de visière) avec attache sous le menton ou en dessous des oreilles, une autre composée de quatre grosses tresses (dibudu) de part et d’autre d’une raie médiane, une coiffure de tresses enroulées évoquant un kodia (coquille spiralée d’un escargot). Il y a aussi une construction capillaire cruciforme et enfi n celle qui est appelée ighodu où les cheveux longs sont rassemblés haut derrière la tête, retombant en une longue pointe. Ces aspects historiques et stylistiques brièvement énoncés, nous nous proposons d’étudier un panorama de la statuaire lumbu à travers l’évocation de ses principaux thèmes et une présentation formelle d’oeuvres s’y rapportant, mais aussi d’autres chefs-d’oeuvre moins connus. LES STATUES AUX CALEBASSES Les statues féminines tenant une ou deux calebasses sont parmi les plus anciennes. Se distinguant par un geste d’offrande pour honorer les anciens, elles se caractérisent par la beauté du visage aux traits fi ns, la coiffure en casque, et le port de bijoux : bracelets, anneaux de cheville et colliers. Le buste, les épaules et souvent le dos sont couverts de scarifi cations en forme de losanges, de spirales et de chevrons. Les musées de Berlin et de Hambourg conservent dans leurs réserves deux sculptures datant de 1905 et de 1893, représentatives de ce que nous entendons par « beauté classique »15. La statue du musée de Berlin (fi g. 7), représentée debout, d’une hauteur de trente-cinq centimètres, se caractérise par ses proportions régulières, la tête, le tronc et les jambes étant rendus à parts égales, traits que l’on retrouve également dans la pièce issue de la collection Rita et John Grunwald (fi g. 8). Les yeux en demi-lune sont incrustés de lamelles de verre ; la bouche grande ouverte montre les dents, une rareté dans la statuaire lumbu. Les quatre spirales des scarifi cations du buste se croisent et forment un losange, un motif hautement symbolique puisqu’il renvoie à la « porte de la vie mais aussi de la mort, sexe de la femme et origine du monde16 ». La spirale rappelle un kodia (coquille d’escargot) qui fait référence à la migration kongo17. Ce même type de scarifi cation et de traitement des yeux se retrouve sur la jolie petite statuette ayant appartenu à Helena Rubinstein (fi g. 9). D’autres détails renforcent l’inscription de cette fi gurine de Berlin dans une tradition artistique faite d’emprunts : un cordon d’aisselle entoure le haut de la poitrine comme dans la statuaire yombe, tandis que les jambes fl échies en position de respect et les pieds larges en « râteau » s’apparentent à la manière des Kongo.


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