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Test test test 13015 FIG. 33 (CI-DESSUS) : Maître de Kasadi. Représentation féminine assise soutenant une fi gure avec les mains jointes, phemba. Peuples Kongo ; groupe Yombe, village de Kasadi, près de Tshela, RDC. XIXe siècle-début du XXe siècle (inventoriée en 1937). Collectée par Léo Bittremieux à Kasadi avant 1937. Bois (Nauclea latifolia), verre et kaolin. H. : 27 cm. Musée royal de l’Afrique centrale, Tervuren, Belgique (EO.0.0.37964). Art kongo PAGE DE GAUCHE FIGS 32a–c : Maître de Kasadi. Représentation féminine assise soutenant une fi gure avec les mains jointes. Peuples Kongo ; groupe Yombe, RDC, République du Congo ou Cabinda, Angola. XIXe siècle (inventoriée en 1898). Bois, métal, verre, kaolin et pigments. H. : 27,5 cm. Ross Art Management, LLC, New York. particulier : divorce entre époux, factions guerrières de communautés voisines, parties en litige dans le cadre d’un accord commercial, etc. L’ajout de l’élément en métal signifi ait que l’accord devant résoudre le confl it en question était contraignant et qu’en sa qualité de témoin, le n’kondi s’assurerait qu’il était bien appliqué par chacune des parties concernées. Pour accroître son effi cacité, le n’kondi faisait en sorte que les individus redoutent les conséquences de leur comportement antisocial, ce qui prévenait les transgressions. En conséquence, son apparence personnifi ait la force se trouvant à l’intérieur : impressionnante, agressive et omnisciente. Dans les cas où un n’kondi ne parvenait pas à empêcher la violation d’une loi établie, il était envoyé sur les lieux de l’infraction, qu’il s’agisse d’un marché ou d’une ligne de front.25 À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, il ne demeurait pratiquement rien des États historiques du Loango et de Kongo, jadis si puissants. Au même moment, les marchands européens contournaient de plus en plus souvent les chefs précoloniaux vivant en bordure des routes commerciales importantes.26 Face à l’échec de la centralisation, à la percée croissante des sociétés commerciales européennes et aux revendications coloniales émergentes formulées par la France, la Belgique et le Portugal, les chefs et les marchands kongo imaginèrent de nouveaux systèmes leur permettant de protéger leurs intérêts. Des minkisi minkondi sophistiqués prirent place le long des côtes du royaume du Loango, ultime ligne de défense contre les incursions européennes. Leur prix était proportionnel à leur puissance et seuls les chefs les plus riches pouvaient y prétendre.27 Le plus puissant de ces minkisi minkondi, portant le nom de Mangaaka, était considéré comme le « roi et maître ».28 Le pouvoir du Mangaaka était supposé fournir la force nécessaire pour venir en aide aux demandeurs et semer la destruction chez leurs ennemis. Il manifestait son mécontentement en provoquant des douleurs dans la poitrine ou des expectorations de sang, qu’il avait également le pouvoir de guérir.29 Les fi gures de pouvoir Mangaaka furent dès lors la cible de représailles de la part des Européens. Leur effi cacité était jugée si redoutable qu’elles furent saisies au cours d’opérations militaires coloniales et retirées de la région par des sociétés concessionnaires européennes.30 Aujourd’hui, quelque vingt fi gures Mangaaka fascinantes subsistent. La plupart sont conservées dans des collections muséales (fi g. 38-44). L’analyse minutieuse de ces objets souvent incomactive une force spirituelle spécifi que afi n d’identifi er et de punir ceux qui apportent le malheur (malchance, maladie, voire même la mort). Cette force est invoquée avec un nkisi (pl. minkisi), un ensemble de chants, d’actions rituelles et de différentes matières organiques, dont l’assemblage reçoit le nom de bilongo. Cet amalgame aux vertues médicinales est préparé à base d’un savant mélange de matières animales, végétales et minérales sélectionnées pour leur symbolisme et leur capacité à attirer la force spirituelle requise pour traiter un type donné d’affection chronique. Ce mélange est conservé dans un petit autel portable pouvant prendre la forme d’un simple réceptacle en argile ou d’un récipient fi guratif commandé à un sculpteur.22 Si les Européens mentionnaient déjà les sculptures religieuses en 1491, leurs descriptions restaient très vagues.23 Par contre, ces « idoles » et les sanctuaires qui les abritaient furent souvent, du XVe au XIXe siècle, les cibles d’actes de destruction commis par les missionnaires européens et les Kongo convertis au christianisme. À la fi n du XVe siècle, avec l’assimilation de notions chrétiennes aux systèmes de croyances existants, le nom de banganga fut également donné aux représentants de l’Église catholique romaine. De la même façon, le terme de nkisi fut employé par extension pour parler des notions de « sacré » et de « divin ». Aucun exemplaire de sculpture fi gurative kongo, collecté avant le XIXe siècle, n’est connu. Les informations concernant l’usage précis d’une oeuvre particulière étant rarement consignées avant que celle-ci ne quitte la région d’origine, ce que nous savons de cette production correspond à la réalité kongo du XIXe siècle. Selon l’Occident, ces oeuvres étaient considérées comme intemporelles et immuables. Cette perception est erronnée si l’on considère que les banganga, ayant développé avec succès de nouveaux genres pour répondre aux besoins d’une société en mutation, étaient largement rémunérés, ce qui montre que l’innovation était réellement nécessaire et appréciée. mAngAAkA La catégorie la plus infl uente des minkisi kongo, du nom de n’kondi (pl. minkondi), ou « chasseur », se composait d’instruments destinés à aider les chefs régionaux à maintenir l’ordre public et à faire respecter la loi. Lorsqu’une mesure était prise, on clouait un objet en métal sur la surface d’une fi gure sculptée en bois. Chaque clou, lame ou vis ayant subsisté sur des exemplaires connus évoque un cas


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