FIG. 35a & b (): Master of the Boma-Vonde Region, power fi gure of a seated female nursing a child, nkisi. Kongo peoples; Yombe group, Democratic Republic of the Congo, Republic of the Congo, or Cabinda, Angola. 19th– early 20th century. Wood, metal, kaolin. H: 28.3 cm. Steven Kossak, The Kronos Collections, New York. FIG. 34 : Atelier du maître de Kasadi. Masque, nganga diphomba. Peuples Kongo ; groupe Yombe, village de Kasadi, près de Tshela, RDC. XIXe siècle-début du XXe siècle (inventoriée en 1937). Bois (Ricinodendron heudelotii), pigments, peau animale, clous de tapissier en métal. H. : 29 cm. Musée royal de l’Afrique centrale, Tervuren, Belgique (EO.0.0.37966). 32 106 une profonde période de crise. Les sculptures présentent des attributs de chefferie et un aspect impressionnant qui pourraient anéantir ceux qui défi ent l’autorité et la loi. Légèrement plus petites que nature, les sculptures fi guratives Mangaaka ne pouvaient être réalisées que par des maîtres-sculpteurs talentueux et aguerris. À en juger par leur taille et la cohérence de l’iconographie, l’historien de l’art Ezio Bassani a suggéré qu’elles avaient été créées dans un seul atelier. Toutefois, une étude rigoureuse du corpus a démontré qu’elles appartenaient effectivement à un même genre, mais qu’elles avaient été réalisées par des artistes différents. Kongo: Power and Majesty réunit quinze de ces fi gures spectaculaires provenant de musées en Allemagne, en Italie, au Royaume-Uni, en Belgique, aux Pays-Bas, en France, en Suisse et aux États-Unis.31 L’une des pièces centrales de cette exposition n’est autre que la grande fi gure de pouvoir Mangaaka qui, depuis 2008, constitue l’une des oeuvres phare des collections du Metropolitan Museum of Art (fi g. 44). Cette sculpture massive d’un impressionnant chef kongo se penche vers l’avant, les mains sur les hanches, comme pour défi er l’observateur. Physiquement imposante, la sculpture dégage en même temps une présence profondément réfl exive. Ces sept dernières années, des historiens de l’art, des conservateurs et des scientifi ques de différents musées et universités ont mené des études pluridisciplinaires et des analyses minutieuses comparant cette oeuvre à des exemplaires du même genre. Les résultats ont permis d’avancer une théorie plus nuancée et exhaustive sur la signifi cation de cette remarquable sculpture et des oeuvres qui y sont associées. Il en ressort que la fi gure de pouvoir Mangaaka du Metropolitan est, parmi toutes les oeuvres du corpus, celle qui a subi le plus d’interventions visant à la priver de ses pouvoirs d’origine. Ironiquement, bien qu’elle conserve des signes évidents de sa fonction première, sa désacralisation intentionnelle lui a rendu son état d’origine, lorsqu’elle quitta l’atelier du sculpteur. Les éléments essentiels lui conférant des pouvoirs ajoutés par le nganga qui supervisait autrefois son utilisation – les médicaments consacrés qui étaient dissimulés dans les cavités oculaires et abdominales et ajoutés autour du menton sous la forme d’une énorme barbe – ont désormais disparu (fi g. 44b). Selon l’analyse comparative réalisée, il est manifeste que cet état de dépouillement constitue en défi nitive un acte de défi . Autrefois gardiennes d’une communauté kongo, ces fi gures ont été contraintes d’abandonner ce rôle. Ceux qu’elles protégeaient les ont alors réduites à de simples sculptures avant de les disperser aux quatre coins du monde. Malgré cela, les dons du sculpteur étaient tels qu’il est impossible de ne pas percevoir le rôle premier de ces sculptures. plets a permis de formuler l’hypothèse selon laquelle les oeuvres auraient subi des mutilations visant à les « désactiver » avant qu’elles ne soient abandonnées par leurs premiers propriétaires. Un ensemble de ces oeuvres parmi les plus spectaculaires et monumentales qu’ont donné les arts d’Afrique est présenté dans Kongo: Power and Majesty sous un angle particulier, à savoir les circonstances et les conditions spécifi ques ayant entraîné leur création. Arbitre suprême des confl its et protecteur des communautés dans la région du fl euve Chiloango, le Mangaaka devint subitement le genre sculptural le plus ambitieux et monumental de l’art kongo, développé en réaction à
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