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99 FIG. 18 (CI-CONTRE) : Figure du Christ. Peuples Kongo ; royaume de Kongo, RDC, République du Congo ou Angola. XVIIIe–XIXe siècle. Laiton (moule à ciel ouvert). H : 11,1 cm. The Metropolitan Museum of Art, New York ; Don d’Ernst Anspach, 1999 (1999.295.3). FIG. 17 (À DROITE) : António Godinho (Portugais, actif c. XVIe siècle), Livro da Nobreza e da Perfeição das Armas dos Reis Cristãos e Nobres Linhagens dos Reinos e Senhorios de Portugal (Livre de la Noblesse et de la Perfection des Armoiries des Rois Chrétiens et des Nobles Lignées des Royaumes et Propriétaires Terriens du Portugal). c. 1521–1541. Pigment et or sur parchemin. H . : 43 cm. Arquivo Nacional da Torre do Tombo, Lisbonne (PT/TT/CR/D-A/001/20, folio 7r). FIG. 16a-b (À GAUCHE) : Sceptre : chef assis sur un prisonnier attaché, nkisi. Peuples Kongo ; royaume de Kongo, RDC, République du Congo ou Cabinda, Angola. XIXe–XXe siècle. Ivoire et résine H. : 28,5 cm. Collection de Laura G. Ross, New York. zones plus denses constituées par les touffes coupées et frottées l’absorbent, ce qui permet d’obtenir une surface riche alternant textures et tonalités. Cette approche technique est différente de celle des traditions voisines où les motifs de la surface sont brodés sur une base en armure toile.16 Deux formats de composition distincts étaient privilégiés. Le premier consiste en un ensemble de bandes entrelacées qui suggère un réseau infi ni se déployant dans toutes les directions (fi g. 9 et 10). Le second est fait de rangées et de colonnes d’éléments rectangulaires encadrant un seul motif de noeud (fi g. 11). Alors que certains panneaux indépendants semblent des oeuvres achevées, quelques textiles plus grands sont composites et sont faits de neuf éléments ou plus cousus ensemble. Les ornements tels que des pompons et des galons, ajoutés en bordure et aux quatre coins de certains textiles, témoignent vraisemblablement d’une infl uence des arts décoratifs européens sur les tisserands kongo (fi g. 9-11). insignes de pouvoir kongo Au sein de la société kongo, la richesse d’un individu se mesurait essentiellement au nombre de subordonnés à son service, notamment ses épouses, enfants, clients et esclaves, appelés mbongo bantu, littéralement « trésor en personnes ».17 Toutes les manifestations de pouvoir découlaient, en fi n de compte, de l’au-delà spirituel. Un souverain kongo commandait à des artistes des objets d’apparat qui faisaient référence à l’autorité spirituelle qu’il exerçait sur ses sujets (fi g. 16), une pratique qui symbolise la grande valeur accordée au capital humain. Le caractère singulier des régimes politiques spécifi ques kongo est, étrangement, bien défi ni pour le royaume de Kongo. Le règne d’Afonso Ier vit l’adoption d’armoiries qui allaient servir de symbole offi ciel sur les objets d’apparat et la correspondance dès 1580 et ce jusqu’en 1859 (fi g. 17). Élaborée par un artiste portugais inconnu, l’imagerie contient des références à la victoire miraculeuse d’Afonso sur ses rivaux grâce à une intervention divine, ainsi qu’à la nature chrétienne de l’État kongo et son amitié avec le Portugal. Le baptême du Manikongo Nzinga a Nkkuwu – dès lors connu sous son nom chrétien Jean Ier – le 3 mai 1491 entraîna l’arrivée au royaume de Kongo de milliers d’objets de culte chrétiens en provenance du Portugal. Bien qu’aucun n’ait subsisté, ils sont abondamment mentionnés dans la correspondance offi cielle de l’époque. Les artistes kongo s’inspiraient directement des médaillons religieux et des crucifi x européens pour confectionner leurs propres moules servant à la fabrication des crucifi x en laiton commandés par les souverains. Ils fi nirent par s’écarter de leurs modèles pour donner une apparence kongo au Christ. C’est précisément cette imagerie qui s’est érigée en emblème des souverains du Art kongo


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