JOSÉ BEDIA 141 me sens plus en harmonie avec ces principes de communication de l’art tribal qu’avec le monde de l’art contemporain dont je fais pourtant partie, car ce dernier présente une « carence en protéines » qui le rend incapable de me « nourrir » correctement. T. A. M. : On remarque que certains types d’objets reviennent régulièrement dans votre collection. Êtes-vous intéressé par la comparaison ? Souhaitez-vous à l’avenir explorer de nouveaux horizons ? J. B. : La comparaison est à mes yeux essentielle et enrichissante. Comme je l’ai dit précédemment, rassembler des objets du même type fait clairement apparaître des tendances stylistiques et contribue à une meilleure compréhension de chaque pièce de l’ensemble. La comparaison est également une démarche naturelle pour moi étant donné que je me rends au même endroit plusieurs fois et que j’y achète à chaque occasion des pièces. Bien que je ne dispose d’aucune formation en anthropologie culturelle, j’adore dessiner, prendre des photos et collectionner des objets lorsque je me trouve sur le terrain. En cela, je pense en toute modestie marcher sur les traces de personnalités comme Fernand Grébert ou Carl Schuster. Comme eux, je pourrais même aller jusqu’à avancer certaines hypothèses ici et là. De nouvelles découvertes potentielles pourraient toutefois m’inciter à visiter une nouvelle région, car l’élément de surprise est toujours important à mes yeux. T. A. M. : Vous vous consacrez à ces formes d’art depuis de très nombreuses années maintenant. Comment envisagezvous la prochaine étape ? J. B. : La prochaine étape nécessaire serait d’établir une classification plus détaillée et de répertorier toutes les oeuvres que j’ai accumulées. Par ailleurs, un autre chapitre, et non des moindres, serait de préparer la destination future de ces objets, dont je me sens responsable en tant que propriétaire temporaire. J’essaie de transmettre à mon fils et à ma fille mon enthousiasme et ma passion, ainsi qu’à mes amis et collègues (dont certains n’ont pas encore perçu la valeur artistique de ces objets). J’aimerais également établir des parallèles avec d’autres domaines de connaissance, voire avec l’art contemporain. Peut-être que la prochaine étape logique pourrait même être la création d’un musée ? Si je collaborais avec une institution ou un quelconque philanthrope, peut-être pourrions-nous concevoir un endroit digne d’accueillir toutes ces pièces ? Pour l’heure, je ne peux y parvenir seul.
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