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James Edward Little 129 à trois mois de prison pour le vol « d’une sonnette en laiton, un sucrier en métal, un vase chinois, un thermomètre et trois petits cendriers » d’une valeur de six shillings, perpétré dans une salle de vente aux enchères à Bath. Il transporte du sable dans ses poches qu’il jette aux yeux de ceux qui tentent de l’arrêter. Il s’excusera plus tard en déclarant qu’il était « sans le sou ». Il vivait à Sham Castle Woods, non loin de Bath, et était presque affamé, bien que le compte rendu de cet incident dans un journal indique également qu’il détenait un atelier dans une cave où d’autres biens volés avaient été découverts, faisant passer la durée de son incarcération de trois à six mois28. Les bronzes dérobés à Devizes refi rent surface à l’Ipswich Museum, qui en avait fait l’acquisition auprès du collectionneur, le Dr Clouston de Tonbridge Kent, qui les avait achetés à un vieil antiquaire de Lakenham, dans le comté de Suffolk, qui à son tour les tenait de Little. Little sera rejugé en 1939 et condamné à une peine de douze mois29. Sa situation ne fera qu’empirer. En 1947, lorsque Webster le rencontre à Torquay, il vit dans la misère. James Edward Little s’éteint le 19 juillet 1953 à l’âge de soixante-dix-sept ans, des suites d’une toxémie. Ses activités nébuleuses et sa volonté d’éviter tout contact direct avec ses clients en font un personnage insaisissable dans l’histoire de l’art tribal, mais dont l’ombre plane encore sur bon nombre de collections. Il faisait preuve d’une grande inventivité, certes au service de l’escroquerie, mais les objets qui lui ont été attribués – et qui sont, comme nous l’avons constaté, innombrables – sont devenus des objets de collection à part entière. Nous tenons à remercier particulièrement Tim Teuten pour son aide dans le cadre de notre étude et de la recherche des images, ainsi que Jonathan Fogel pour ses encouragement et son assistance. NOTES 1. J. Edge-Partington « Maori Forgeries », Man, 1910, no 31 et 32. Le professeur Andree de Munich relate sa visite à Oberstein et Idar en 1907. Jakob Wild était la principale entreprise et réalisait des copies à l’identique. « Je ne pouvais déceler aucune différence ». 2. Par exemple les Frères Devlin de Dunedin qui travaillaient sur commande pour des clients maoris. Parmi d’autres fabricants de bibelots, y compris des tiki en jade, on trouvait St Clair et Liardet à Wellington ; Yuill à Christchurch ; Smyth à Dunedin ; Spencer et Larsen à Auckland et Dannefaerd à Rotorua. 3. Copie du document de Chicago écrit de la main de Fuller, détenu dans les archives des documents de Fuller au bureau du West Sussex Records à Chichester, au Royaume-Uni. Cette lettre est reproduite en partie à propos d’une discussion relative aux activités de Little dans la publication de Christopher C. Legge et Edward G. Nash « James Edward Little, Dealer in Savage Weapons, Curios, Skins, Horns, Ivory, & c.: An Object Lesson », Bulletin du Field Museum of Natural History, vol. 40, no 4, avril 1969, p. 30-32. Ce sujet est quelque peu approfondi dans l’ouvrage de Christopher C. Legge et Patrick O’Reilly « Les faux océaniens de James Edward Little dans la collection Fuller ». Journal de la Société des océanistes, no 27, tome 26, 1970, p. 107-119. 4. Bureau général de l’état civil, Somerset House, Londres. James Edward, fi ls de James Little Gardner et Mary Ann Little, anciennement Thomas, né le 20 décembre 1876 à The Lodge, Rockend, Torquay dans le comté de Devon. 5. Mme Fuller écrivit à Christopher C. Legge le 15 mars 1966 que le capitaine Fuller n’avait jamais rencontré Little et que ce dernier semblait éviter de rencontrer ses clients. 6. Conversations entre A.W. Fuller et Roland Force, Sonnabands, Field Museum, Chicago. 7. Registres de correspondance de W.O. Oldman, Te Papa, Wellington, Nouvelle-Zélande. 8. Registres comptables de Beasley, Anthropology Library and Research Centre, British Museum, Londres. 9. « Unfaithful Husband’s Life at Taunton: A Sad Case », The Courrier, 3 juillet 1907, p. 3. 10. W. O. Oldman, « Polynesian Forgeries », Man, 1910, no 103, p.188. 11. Le Puke Ariki a répertorié au moins quinze objets « maoris » dans la collection W.H. Skinner dont il attribue la fabrication à Little. 12. Note dans The Fake Maori Artefacts of James Edward Little and James Frank Robieson, Robin J. Watt, thèse de doctorat, 1990 (2 vol.). 13. James Frank Robieson (1880-1966), né en Nouvelle- Zélande, affi rmait avoir appris la sculpture de style maori de la baie de l’Abondance à Rotorua alors qu’il y travaillait pour le gouvernement. Il puisait dans des grottes funéraires, vendait des sculptures sur bois à des musées et collectionneurs de Nouvelle- Zélande, et plus tard des sculptures en grès et en bowénite (Watt, op. cit. p. 94). Il était également actif dans le commerce de jade (Watt, op. cit. p. 90). Il a vécu en Angleterre entre 1919 et 1939. Le Pitt Rivers Museum à Oxford détient de nombreux objets identifi és comme provenant de Robieson. En avril 1930, Robieson a offert un ensemble de quatre outils « maoris » au Pitt Rivers Museum, « 2 couteaux en grès et 2 polisseurs de la même matière, utilisés par les MAORIS pour le travail de la néphrite (pounamu), provenant de KAI KAI BEACH, OTAGO, S. ISLAND, NOUVELLEZÉLANDE », ainsi que six outils en pierre taillée originaires du même endroit. Le 8 avril 1930, le musée a également acheté un vaste ensemble d’artefacts à Robieson pour la somme de 19,10,0 £. Parmi ceux-ci fi gurait un bloc de néphrite (variété kawa kawa) présentant des entailles très profondes réalisées au moyen de couteaux en grès. Une note supplémentaire dans la documentation du musée indique : « Coupé à la scie circulaire. » Ce groupe d’objets comportait également des lames d’herminette, de nombreux ardillons en os et ardillons d’hameçons. Robieson vendait 76 objets chez Stevens le 8 octobre 1930. Le Pitt Rivers fi t l’acquisition d’un seul lot, le numéro 738, qui comprenait 23 herminettes en pierre et des fragments d’herminettes cassées, des éclats de pierre, etc., pour la somme de 1 £. Barrow attribue à Robieson la création d’une fl ûte en os du Pitt Rivers, anciennement dans la collection Wellcome. 14. Terence Barrow « The Faking of Maori Art » dans H. D. Skinner, Comparatively Speaking. Studies in Pacifi c Material Culture 1921-1972. Dunedin, 1974, p. 167. 15. Puke Ariki inv. #A77.195. 16. Barrow, op. cit. 17. Watt ( op. cit. ) n’est pas d’accord avec Peter Gathercole concernant le « style en trompette », op cit. p. l32. 18. Watt, op. cit., pl. 23. 19. Adam Dudding, “National Treasures Protected by Arcane Law,” The Dominion Post, http://www.stuff.co.nz/dominion-post/ culture/7037006/National-treasures-protected-by-arcane-law (consulté le 4/13/15). 20. Le Field Museum possède trois écopes de la collection Fuller. On ignore laquelle d’entre elles est l’écope de Taunton. 21. Lettre datée du 5 mai 1914. Découverte dans le cottage de Mangotsfi eld lorsque Little fut arrêté en 1915 et lue lors de son procès. 22. Rapport des procédures judiciaires, Wiltshire Gazette, 18 mai 1939. 23. W. O. Oldman, « Polynesian Forgeries », Man, 1910, no 103, p. 188. 24. Sir Henry Wellcome (1853-1936), multimillionnaire né dans le Wisconsin devenu directeur de l’entreprise Burroughs and Wellcome, chimistes manufacturiers. Il a fondé le Wellcome Museum of Medical Science et encouragé la recherche archéologique au Soudan. Il n’écoutait aucun conseil. 25. Wellcome se fi ait à ses conservateurs qui lui recommandaient des objets. Le troisième et dernier de ces conservateurs, Peter Johnston- Saint, s’intéressait particulièrement aux objets liés au domaine médical sur le continent, raison pour laquelle Wellcome n’a pas acheté beaucoup d’objets à Little après 1925 environ. 26. Rapport des procédures judiciaires dans le Bath and Wiltshire Chronicle and Herald, juin 1932. 27. Bath and Wiltshire Chronicle and Herald, 1er octobre 1934. 28. Bath and Wilts Chronicle and Herald, 1er octobre 1934. Little s’est décrit comme un fabricant de placards. Il a déclaré qu’il mourait pratiquement de faim et que son fi ls à Torquay lui avait proposé de veiller sur lui jusqu’à ce qu’il trouve du travail. 29. L’histoire est relatée dans son intégralité dans « Notes », Man, vol. 49 : 107 (1940-42). FIG. 29 : Outil à scarifi cation dans le style d’Hawaï attribué à Edward Little. Angleterre. Début du XXe siècle. Bois, fi bres et dents de requin. H. : 32,3 cm. Ex-coll. A. W. F. Fuller. © Field Museum, Chicago, 277613. À noter, l’effet de surface similaire à celui de la boîte en fi g. 12. Un outil de ce type authentique, également de la collection Fuller, est au Field Museum, inv. 272596.


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