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s’essaya aux étriers d’échasses des îles Marquises23 et fabriqua au moins un outil de scarifi cation hawaïen (fi g. 29). La majorité de ses objets de Rarotonga furent jugés authentiques par Oldman (fi g. 6), bien que leur provenance « William Ellis » mériterait d’être réexaminée. Pour ses créations, Little possédait probablement les catalogues de W. D. Webster et W. O. Oldman afi n de s’en inspirer, ainsi que la série d’Augustus 128 Hamilton, The Art Workmanship of the Maori Race in New Zealand, publiée entre 1896 et 1900, achevée en 1901 et richement illustrée. Malgré ses multiples talents, il est peu probable que Little ait créé des objets en pierre, cette technique requérant d’autres outils et compétences que celles de la sculpture sur bois et os. Après avoir purgé ses six mois de travaux forcés à Devizes, Little s’engage dans le corps des « Royal Engineers » en mars 1915. Il y reste trois ans avant d’être démobilisé pour cause de « névrose de guerre » (neurasthénie). À la fi n de la guerre, il s’établit dans l’ouest de l’Angleterre et reprend ses activités commerciales, exploitant le même fi lon qu’avant la guerre. En 1919, les registres de correspondance d’Oldman indiquent que Little lui a vendu quelques objets africains. En octobre 1920, les lettres d’Oldman à Little sont adressées à un hôpital d’Ashurst et, en novembre, à un hôpital d’Oxford. Plus tard, Oldman écrira à Little pour se plaindre qu’un dieu-bâton de Rarotonga acquis en 1921 est en réalité un assemblage, mais un an plus tard, il lui achètera un bâton et des herminettes. En 1922 / 1923, Little approvisionne de nouveau Oldman, depuis un lit d’hôpital à Bath. En 1923, Oldman écrit qu’il souhaite obtenir plus d’objets de Rarotonga et qu’il est satisfait de l’ornement de poitrine qu’il a reçu. L’année suivante, il achète un crochet des Fidji. Sir Henry Wellcome24 (fi g. 28) était une proie encore plus facile pour Little. Ce dernier lui vendit quantité de faux ainsi que des objets authentiques, tous dispersés après sa mort en 1936. Une grande partie se trouve aujourd’hui dans divers musées britanniques et à l’étranger. Comme l’explique Fuller, le lieutenant-colonel James B. Gaskell était un autre client important de Little. Toutefois, cet homme demeure méconnu. Selon les registres d’enchères, il collectionnait également les médailles militaires et de l’art japonais, mais le fait que Fuller affi rme que Gaskell payait à Little « des sommes folles pour des faux » lui confère une place prépondérante dans sa carrière. Les objets de la collection de Gaskell ont également été dispersés après sa mort en 1926, mais nous ignorons où ils sont conservés. Les décès des clients les plus crédules de Little25 ont certainement joué en sa défaveur. En 1932, il a de nouveau des démêlés avec la justice lorsqu’il est surpris en train de voler une hache de jade à la Royal Literary and Scientifi c Institution de Bath26. Le 27 juillet, il est condamné à trois mois de travaux forcés. Cette condamnation marquera le début d’un lent déclin. En 1934, Little se rend une nouvelle fois au musée de Devizes et y dérobe trois bronzes préhistoriques. Il est arrêté, mais les charges sont abandonnées pour manque de preuves. Dans le cadre de cette affaire, il est décrit comme un joueur de concertina27. Un peu plus tard, il est condamné FIG. 26 : Tête sculptée dans le style maori attribuée à Edward Little. Angleterre. Début du XXe siècle. Ex-coll. A. W. F. Fuller. Bois. H. : 18,7 cm. Field Museum, Chicago, inv. 277599. Cette tête fut acquise dans les salles de vente J. C. Stevens pour seize guinées, en avril 1919 par un marchand du nom de Tucker. Après le décès de ce dernier en 1935, l’objet repassa dans la même maison de vente. Fuller l’acheta pour dix livres après l’avoir identifi ée comme une copie d’une tête authentique qu’il avait eu de Little (fi g. 5). L’objet porte une étiquette où il est dit : « Masque rapporté à la maison de Nouvelle-Zélande en 1848 par un parent du Général Terry of Coombe Park, Bath. » FIG. 25 : Reproduction d’une photo d’une tête maorie ayant appartenu à A. W. F. Fuller, qui l’acquit auprès d’Edward Little en 1913. Ex-coll. Field Museum, Chicago. Reproduit dans Roland W. Force et Maryanne Force, The Fuller Collection of Pacifi c Artifacts, Praeger, New York, 1971, pl. 37. FIG. 27 : La tête sculptée de la fi g. 26 telle que publiée par Fuller. Field Museum, Chicago, inv. 277599. Reproduit dans Roland W. Force et Maryanne Force, The Fuller Collection of Pacifi c Artifacts, Praeger, New York, 1971, pl. 36. DOSSIER FIG. 28 : Sir Henry Wellcome (1853-1936). Photographe inconnu. 1930.


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