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Le style « Holly Keko » (fi g. 12 et 13). De par leur conception formelle et leur symbolique, ces statuettes comptent parmi les bùthìba, destinées aux pratiques de guérison, que Magnuor lui-même pourrait avoir réalisées pour Ithé Dá. La fi gure féminine à la tête tournée sur le côté est représentative de la puissance de Hìnátaá, révérée par Ithé Dá et auparavant par son père. Il faut ici préciser que chaque devin-guérisseur possède une « chambre des puissances » personnelle, où il pratique ses procédures rituelles avec des bùthìba dont le langage plastique dépend du culte auquel il est voué et des particularités de son savoir-faire (fi g. 17). Les confi - gurations de ce couple de statuettes pourraient donc être en relation avec la forme du culte rendu à la puissance de Hìnátaá associée aux revenants18, d’autant plus que ses seuls dépositaires et pratiquants de la zone étaient, selon les dires des anciens de Holly, les guérisseurs de la maison des Kou. La datation hypothétique de la réalisation de ces bùthìba par Magnuor se situerait donc entre 1870 et 1880, c’est-à-dire à l’époque où leur destinataire, à savoir Ithé 115 PAGE DE GAUCHE FIG. 12 (À GAUCHE) : Vue de l’effi gie de l’épouse de Kou- Jina Kambou, Irakua Dá, due à Magnuor Palé. Holly, 1988. Photo : Daniela Bognolo. FIG. 13 : Style de Holly Keko. Couple de bùthìba attribuables à Magnuor Palé. Bois dur gris et patine naturelle. H. : 57 et 55 cm. Collection privée. Avec l’aimable autorisation de Sotheby’s. © Sotheby’s. FIG. 14 (EN HAUT) : Objets de style de Holly Keko retrouvés en brousse par B. Holas vers 1949. Extrait de Bohumil Holas, Sculptures ivoiriennes, 1969, p. 163.) FIG. 15 (CI-CONTRE) : Style de Holly Keko. Statuette réalisée par Magnuor Palé. Bois brun très dur et patine luisante. H. : 52,5 cm. Ex-coll. Marc et Ginzberg, puis Myron Kunin. Collection Bruce Frank. Avec l’aimable autorisation de Sotheby’s. © Sotheby’s. FIG. 16 (À DROITE) : Style de Holly Keko. Statue avec les insignes d’un grand chasseur birifor. Bois brun, patine foncée et traces de kaolin. H. : 82 cm. Collection particulière. Extrait de Piet Meyer, Kunst und Religion der Lobi, Museum Rietberg, Zurich, 1981. FIG. 17 (EN BAS) : Vue d’une « chambre des puissances » chez un devin-guérisseur. Donko, 1986. Photo : Daniela Bognolo. Entreprendre des attributions Quelques-unes de ces effi gies du thílduù de Holly, dont l’histoire est à présent documentée, fi gurent désormais parmi les importantes collections privées, comme la grande statue dédiée à la mémoire d’Ithé Kambou et réalisée par un sculpteur teébò vers 1840, véritable « pierre de touche » du style de Holly Keko (fi g. 6). Pour d’autres, appartenant aussi depuis un certain temps déjà à des collections publiques ou privées, le contexte de leur fabrication demeure encore obscur. Par exemple, pour le style qui nous préoccupe ici, alors que certaines oeuvres sont assurément de la main des maîtres, d’autres sont plus probablement la réalisation de quelque sculpteur de leur entourage familial ou même des alentours qui, résidant dans la même zone territoriale, a emprunté leur style. Un important couple de statuettes présentées en 2010 à Sotheby’s Paris17 trouve une résonance dans la fi gure féminine réalisée en l’honneur d’Irakua Dá par Magnuor Palé vers 1870


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