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DOSSIER Quoi qu’il en soit, après la mort de Gnõkithé (1950 / 1955), la famille jusque-là réunie se dispersa : ses fi ls migrèrent 114 en Côte d’Ivoire, alors que les fi ls de son frère, parmi lesquels le sculpteur Bangité Sib, partirent pour Bagara. Les uns comme les autres continuèrent donc à sculpter, mais l’énième éparpillement de la famille se reporta sur le savoir-faire de ces sculpteurs14 et la force de perpétuation du style. Comme l’ont déclaré les anciens de Holly, le style, dans son inévitable migration, perd malheureusement de sa puissance : « La gourde de Wibrika se déplaça ici, à Kèkó, puis elle partit ailleurs. Pour la retrouver, il fallait aller jusqu’à Bagara mais, chemin faisant, elle gâta son contenu ! » Les enquêtes menées dans la localité reculée de Bagara, auprès de Bangité Sib, le dernier représentant du style, ont confi rmé le déclin de celui-ci annoncé par les anciens de Holly. Sans aucun doute, entre les statuettes réalisées par ce sculpteur et celles du thílduù des Kou, la parenté apparaît assez vaguement, comme en témoigne l’une des oeuvres que Bangité en personne m’avait confi ée pour le futur musée du Poni15 (fi g. 10 et 11). Après avoir joué plus d’un demi-siècle durant le rôle d’instrument mnémotechnique de l’histoire des Kou et fait transparaître au travers de la statuaire de leur thílduù la relative unité du groupe, le style de Holly Keko s’achemina, avec Bangité, vers sa fi n. Toujours selon les dires des anciens de Holly, il semblerait qu’après la mort de Bangité, en 1995, plus personne n’ait sollicité le savoir-faire des sculpteurs « Holly Keko ». D’ailleurs, le lignage des Kou allait lui-même subir une profonde scission après la migration en Côte d’Ivoire, au début des années 1960, de Kontithé Kambou, le frère aîné d’Ontoré. Ce nouveau lignage séparé des Kou, qui se confi - gura offi ciellement avec les cérémonies initiatiques du jòrò de 1988-198916, restructura nécessairement son existence autour des parents de Kontithé, élevés au rang d’ancêtres pour devenir les nouvelles « puissances tutélaires » de sa descendance. Du fait de cette scission, les aïeuls protecteurs de l’ancien lignage furent, avec leurs supports cultuels, défi nitivement relégués dans un passé révolu. Conséquence : l’abandon… ou la dispersion délibérée ? des effi gies du thílduù de Holly.


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