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Musée à la Une Rickard qui était en poste en Nouvelle-Bretagne. Ce dernier ne s’étant jamais rendu dans la région du Sepik, l’histoire de la collecte de l’objet demeure un mystère3. Aucune exposition dédiée à l’art de la région du fl euve Sepik ne serait complète sans la présence de masques provenant du Bas-Sepik, de la côte et du fl euve Ramu, sans doute les créations artistiques les plus reconnaissables 100 de la région. Les collections australiennes abritent une quantité étonnante de ces masques, la plupart créés par des sculpteurs doués, et les plus remarquables par de véritables maîtres-sculpteurs. Cinq chefs-d’oeuvre du National Museum and Art Gallery of Papua New Guinea, à Port Moresby, ont été généreusement prêtés à l’exposition. Parmi eux, le masque brag portant le nom de Gweim (fi g. 6), trésor national de Papouasie-Nouvelle-Guinée, sort du lot. Gweim est un masque doté de pouvoirs, capable de provoquer des maladies ou d’infl iger la mort. Originaire du village de Gapun, il passa aux mains des villageois de Mendam qui s’en servirent pour venger la mort d’un des leurs. Plus tard, il fut saisi dans des circonstances tristement célèbres par des agents du gouvernement lors d’opérations menées au début des années 1970 visant à empêcher le commerce illicite d’objets d’art de Nouvelle-Guinée. Les traditions axées sur l’usage des masques brag se poursuivent de nos jours, même si la fonction des masques a changé au cours du siècle dernier. Un événement macabre rapporté en 1923 par le frère Joseph Schmidt souligne le rôle joué à l’époque par les masques brag, utilisés pour célébrer l’inauguration d’une nouvelle maison cérémonielle après la réussite d’une expédition de chasseurs de têtes : « Des masques brag sortaient des maisons. Ils étaient abondamment décorés et secoués alors qu’ils entouraient les têtes. L’esprit masque aspirait bruyamment le sang de la tête puis le passait au masque suivant. Le sang dégoulinait de la bouche des masques.4 » Ce n’est qu’en 1924 que l’Administration civile australienne implanta un quartier général pour le district du Sepik, d’où partirent des patrouilles destinées à placer les communautés tribales sous contrôle du gouvernement et à éradiquer la chasse aux têtes, pratique qui faisait depuis toujours partie intégrante du tissu culturel de nombreuses communautés de la région du Sepik. L’un des premiers offi ciers de patrouille, appelés communément kiaps5, était George Wilfred Lambert « Kassa » Townsend (1896-1962), un kiap né à Brisbane, réputé dur mais juste, bien qu’il fût connu pour avoir procédé lui-même à des exécutions. Des objets d’art collectés par Townsend pendant cette période seront également inclus dans Myth & Magic, notamment des planches malu et un crochet de suspension samban ancien (fi g. 5), sans doute


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