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MUSÉE à la Une Guerriers et mères : ART ÉPIQUE MBEMBÉ 92 Par Alisa LaGamma L’exposition Warriors and Mothers: Epic Mbembe Art (Guerriers et mères : art épique mbembé) rassemble des sculptures en bois figurant parmi les plus anciennes statues d’Afrique subsaharienne conservées. Créées par des maîtressculpteurs actifs dans la région frontalière entre le Nigeria et le Cameroun il y a quelque trois cents ans, ces imposantes pièces représentent des hommes et des femmes assumant des rôles dont l’importance est reconnue universellement. Destinés à défendre, consolider et assurer la subsistance de leurs communautés, les sujets dépeints sont de formidables guerriers et des mères nourricières. La plupart de ces oeuvres sont les précieux vestiges de gigantesques tambours de cérémonie taillés dans d’énormes rondins et dont chaque extrémité était pourvue de représentations figuratives. Placés à l’épicentre des communautés mbembé, le battement de ces tambours alertait ses membres des événements déterminants. Leur son faisait également office de système de communication qui véhiculait l’information sur une longue distance vers les villages voisins. Comme les tambours étaient soumis aux intempéries, le bois s’est progressivement érodé au fil du temps. Alors que la partie évidée au centre du tambour a pourri, les solides éléments figuratifs ont en revanche survécu. Précieuses reliques du passé, ces éléments ont entamé une seconde vie en raison de leur grande qualité, sous forme de sculptures indépendantes des plus appréciées. Exposée aux éléments, la surface de ces figures semble brute et taillée grossièrement. Cependant, malgré les transformations imposées par les forces de la nature, les sculptures conservent de subtils détails formels qui traduisent la vision originale des hommes qui les ont façonnées. En 1974, cette tradition artistique suscita l’intérêt du monde de l’art lorsque douze sculptures mbembé furent présentées à Paris par Hélène Kamer (aujourd’hui Leloup). Ces mêmes créations inspirées par une thématique épique sont réunies à nouveau pour la première fois en quarante ans au Metropolitan Museum of Art à New York, du 9 décembre 2014 au 7 septembre 2015. À cet ensemble d’exception sont venues se greffer quatre oeuvres comparables. DÉCOUVERTE D’UNE TRADITION NIGÉRIANE SUR LA RIVE GAUCHE Le 28 mai 1974, l’exposition Ancêtres M’Bembé organisée dans la galerie d’Hélène Leloup présenta une série d’imposantes figures masculines et féminines de stature monumentale et à l’aspect audacieux et robuste (figures 1, 2 et 3).1 La présentation de ces oeuvres mbembé en dehors de leurs communautés d’origine au Nigeria mit en lumière une tradition différente de celles qui avaient précédemment contribué à la définition du canon artistique africain. Hélène Leloup découvrit pour la première fois la sculpture mbembé en septembre 1972, alors qu’elle rendait visite à un marchand malien nommé O. Traoré. Lors de cette rencontre à son hôtel parisien situé rue de l’Ancienne Comédie FIG. 1 : Invitation à Ancêtres M’Bembé, Galerie Kamer, Paris, 28 mai 1974. Archives Hélène Leloup, Paris. FIG. 2 : Vue de l’installation de l’exposition Ancêtres M’Bembé, Galerie Kamer, Paris, 1974. Archives Hélène Leloup, Paris. FIG. 3 : Vue de l’installation de l’exposition Ancêtres M’Bembé, Galerie Kamer, Paris, 1974. Archives Hélène Leloup, Paris.


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