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31 dès lors été en mesure, tout comme leurs courtisans, de faire produire un nombre sans cesse plus élevé d’objets de prestige et de cérémonie. La plupart de ces objets sont liés aux traditions lunda et, par effet générationnel, à celles des Luba, mais les figures commémoratives royales, dont la remarquable sculpture évoquée ici, sont proprement tshokwe. En 1934 ou 1935, un jeune Portugais du nom de Manuel Fuscini Villas Boas, qui venait d’achever ses études universitaires d’ingénieur, partit visiter l’Angola avec quelques amis. Au gré de leurs voyages, ils s’arrêtèrent dans une mission catholique (fig. 6a-b) qui avait collecté des objets d’art tshokwe. Villas Boas négocia l’achat de deux statues, dont celle qui fait l’objet de cet article, et les rapporta au Portugal. Les sculptures restèrent dans le cadre familial pendant près de soixante-quinze ans, apparaissant de temps à autre en arrière-plan sur des photos de famille (fig. 8). Lorsque les trois antiquaires firent l’acquisition de cet objet, la personne avec qui ils s’entretinrent leur apprit que les enfants avaient l’habitude de jouer avec la statue. Effectivement, comme bon nombre de jouets, elle avait subi un traitement fort peu soigneux… Les doigts de sa main gauche avaient été fêlés et la surface de la statue présentait quelques petits trous, car, à en croire ses propriétaires de l’époque, la statue servait de cible aux enfants lorsqu’ils jouaient aux fléchettes. Une très légère restauration la remit en bon état, suffisamment pour affirmer son statut d’oeuvre majeure de cour, rappelé par les musées auxquels elle fut généreusement prêtée durant la dernière décennie. Notes 1. Merci à Alain de Monbrison dont la documentation et le suivi ont été essentiels à l’aboutissement de cet article. 2. Des figures de ce genre portent parfois la coiffe cipenya mutwe, dont les parties latérales sont orientées verticalement et courbées vers l’arrière. Si ce type de coiffe est, dans la sculpture sur bois, réalisé de manière assez similaire à la mutwe wa kayanda, il s’agit en réalité de deux parures de tête relativement différentes.


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