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Knud Rasmussen 117 vilisation occidentale, ces Nunivaarmiut étaient parfaits, mais il devait d’abord trouver un interprète. Le groenlandais s’était révélé efficace pour communiquer avec les différents peuples rencontrés au gré de son voyage à travers l’Arctique canadien et le nord de l’Alaska, où des dialectes inuits étaient parlés, mais dans le sud de l’Alaska – qui commençait dans le sud de la baie de Norton – ainsi qu’en Sibérie, divers dialectes du yupik avaient cours. Le yupik est une autre langue eskimo répandue, trop éloignée de l’inuktitut pour qu’une compréhension mutuelle soit possible. Rasmussen s’intéressait particulièrement aux Nunivaarmiut en raison de la grande importance qu’ils accordaient à leurs masques. Les Eskimos de Point Hope, qu’il avait côtoyés et étudiés auparavant, avaient la même vision des choses, mais les Nunivaarmiut avaient poussé bien plus loin la pratique de la mascarade. Ils adhéraient encore à leur croyance traditionnelle voulant que les esprits vivent soit en tant qu’êtres humains, soit en tant qu’animaux. Cette croyance se reflétait dans leurs masques, qui pouvaient représenter un animal comme le morse, le phoque, le renard, le loup ou l’oiseau, souvent fusionnés avec un visage humain. Chaque type de masque était investi d’un certain pouvoir et aidait le chaman à invoquer les esprits auxiliaires qui reliaient la réalité ordinaire au monde surnaturel. La cosmologie des Nunivaarmiut a longtemps été partagée par de nombreux groupes d’Eskimos. Avec l’aide d’un interprète, Rasmussen put se rapprocher du petit groupe des Nunivaarmiut. Ceux-ci livrèrent des informations portant sur leur culture de chasse et de mascarade, grâce à des dessins illustrant la chasse – et particulièrement celle du phoque –, ainsi que les armes et l’équipement de pêche qu’ils utilisaient. Ils dessinèrent également les masques dont se servaient les chamans et leurs esprits auxiliaires, de même que ceux utilisés par les profanes dans le cadre de rituels et festivals variés. Rasmussen était tellement fasciné par les dessins des masques qu’il demanda aux Nunivaarmiut de recréer vingt-huit des masques illustrés à leur retour dans leur village et de les lui envoyer au Danemark (fig. 21 et 22). Avant de quitter Nome, Rasmussen rencontra un chaman inuit du nom de Najagneq, qui lui fit le récit suivant : « Autrefois, nous, les Inuits, croyions en une puissance particulière, une puissance que nous nommons Sila et que l’on ne peut expliquer par de simples mots. Un esprit fort, gardien de l’univers, du climat, de toute vie sur la Terre – un esprit si puissant que son message à l’humanité ne peut nous être délivré par de simples mots, mais s’exprime par le vent, la neige, la pluie, la houle de l’océan, à travers toutes les forces puissantes craintes par l’homme. Mais il s’adresse aussi à nous d’une autre façon, à travers les rayons du


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