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FEATURE soleil, le calme de la mer, les jeunes enfants innocents qui jouent sans comprendre la signification de son message. Ces enfants entendent une voix calme et douce, presque semblable à celle d’une femme. Elle leur parle en secret, avec délicatesse, 118 d’une manière qui ne les effraie pas – ils comprennent simplement qu’un danger menace quelque part. Les enfants évoquent ce danger par hasard à leur retour à la maison et c’est ensuite au chaman de prendre les mesures nécessaires pour écarter ce danger imminent. Durant les périodes de prospérité, Sila n’a pas de message pour l’homme, il disparaît dans son vide éternel et demeure silencieux tant que l’homme n’abuse pas de la vie qui lui a été donnée et se montre respectueux envers la nourriture qu’il mange. Personne n’a jamais vu Sila. Personne ne sait où il se trouve, à tel point qu’il parvient à être avec nous et pourtant infiniment loin de nous au même moment. » (Rasmussen 1932 : 193). La cinquième expédition Thulé fut considérée comme une grande réussite. Sur le chemin du retour, Rasmussen et ses trois compagnons s’arrêtèrent à Washington D.C., où ils apparaissent sur des photos en tenue de ville, nettement moins à l’aise que dans leurs vêtements polaires. Peu de temps après, à l’automne 1924, les participants à l’expédition se réunirent à Copenhague afin de présenter leurs conclusions à ses organisateurs et à l’élite scientifique. Ils affirmèrent que la culture Thulé était en réalité une culture préhistorique remontant à un millénaire, dont les caractéristiques communes pouvaient être tracées à l’ouest jusqu’à ses origines sur les rives du détroit de Béring. Ils purent rectifier les cartes existantes et en établir de nouvelles concernant des lieux où FIG. 21 : Masque de l’esprit du chien. Île Nunivak, ouest de l’Alaska. Commandé en 1924. Acquis en 1926. Bois, fanon de baleine et pigments. L. : 28 cm, environ (sans les attaches). Musée national du Danemark, collection ethnographique, inv. P33.118. © Musée national du Danemark. FIG. 22 (PAGE DE DROITE) : Masque « B » d’hommeaigle. Île Nunivak, ouest de l’Alaska. Commandé en 1924. Acquis en 1926. Bois, métal, plumes et pigments. H. : 33 cm (sans les attaches). Musée national du Danemark, collection ethnographique, inv. P33.104. © Musée national du Danemark. aucun homme blanc ne s’était jamais rendu auparavant. L’expédition rapporta environ 15 000 objets : ustensiles domestiques, matériel de chasse au phoque, vêtements et figures et masques sculptés. Certains de ces objets avaient été découverts lors de fouilles et d’autres récoltés auprès des Eskimos qui les utilisaient encore au quotidien. L’expédition revint également avec quelque 5 000 spécimens de minéraux, végétaux et animaux. La majorité de ce matériel fut incorporée à la vaste et exceptionnelle collection eskimo du Musée national du Danemark, considéré comme un centre fondamental dédié à la recherche internationale sur la vie et l’histoire des Eskimos et de leur culture. BIBLIOGRAPHIE Birket-Smith, Kai. Eskimoerne, Copenhague : Gyldendal, 1927. Holmstedt, Leif Birger. « Knud Rasmussen: The Arctic Explorer and his Masks from Nunivak », Tribal Art, hiver 2006. Mathiassen, Therkel. Med Knud Rasmussen blandt Amerikas Eskimoer, Copenhague : Gyldendal, 1926. Rasmussen, Knud. Fra Grønland til Stillehavet, Copenhague : Gyldendal, 1925. ———. Across Arctic America: Narrative of the Fifth Thule Expedition, New York : G . P. P utnam’s S ons, 1927. ———. Den Store Slæderejse, Copenhague : Gyldendal, 1932. ———. Mindeudgave, vol. II. , Copenhague : Gyldendal, 1934. Rasmussem, Knud, et al. Rapport de la cinquième expédition de Thulé, 1921-24, en 10 volumes, Copenhague : Gyldendal, 1927–1952. Sonne, Birgitte. Agayut, Copenhague : Gyldendal. 1988.


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