Page 113

Layout1

111 que les peuples de cette vaste région possédaient une histoire et une culture communes. En menant cette expédition, Rasmussen avait l’intention de dresser la carte de la migration du peuple eskimo, d’éclaircir certains points sur ses origines et son histoire, d’analyser les caractéristiques communes reliant les nombreuses cultures arctiques différentes s’étendant du Groenland au Pacifique et de récolter des objets ethnologiques issus de ces populations. Hormis Rasmussen, l’expédition était composée de l’anthropologue et géographe Kai Birket- Smith, de l’archéologue et cartographe Therkel Mathiassen, du cartographe et historien Peter Freuchen, du photographe Leo Hansen et de l’assistant scientifique Helge Bangsted. Elle comprenait également six Groenlandais – interprètes, conducteurs de traîneaux et chasseurs – ainsi que soixantequinze FIG. 1 : Knud Rasmussen durant la cinquième expédition Thulé, 1921- 1924. Photo : Leo Hansen, 1924. Musée national du Danemark, collection ethnographique, inv. 5-thuleb- © Musée national du Danemark. FIG. 3 : Knud Rasmussen et Kaj Birket-Smith devant « Les Soufflets », île danoise, 1921. Photo : Peter Freuchen. Musée national du Danemark, collection ethnographique, inv. 5-thuleb-0013. © Musée national du Danemark. chiens d’attelage. FIG. 2 : Carte des itinéraires empruntés par la cinquième expédition Thulé, 1921– 1924. Cartographie adaptée par Polaris Cartographics, www.polariscartography.com. FIG. 4 : Masque. lulik, Qajufik, Baffinland. Collecté en 1922. Peau de phoque. H. : 25 cm. Musée national du Danemark, collection ethnographique, inv. P27.740. © Musée national du Danemark. Les membres de l’expédition établirent leur camp de base sur une petite île en face de l’île Vansittart, sur la bordure ouest du bassin de Foxe, baptisée Danskeøen (île danoise) par Rasmussen lui-même. Ils y demeurèrent un an et demi et y bâtirent leur station de base d’hiver qu’ils nommèrent « Les Soufflets » (fig. 3). Outre leurs quartiers, elle abritait également leur matériel scientifique ainsi qu’une station météorologique. La réussite de cette expédition dépendait entièrement de la capacité de ses membres à recueillir des informations fiables. Ainsi, il était important de respecter les interdits et de dissiper la méfiance des différents groupes d’Eskimos qu’ils rencontreraient afin que ces peuples indigènes se sentent en confiance avec les visiteurs et reconnaissent qu’ils étaient venus uniquement en paix et en amis. Parmi les peuples rencontrés, nombreux étaient ceux qui n’avaient jamais vu d’étrangers à la peau blanche. Il était tout aussi important que les archéologues fussent capables de fouiller les vestiges des habitations abandonnées et les amas coquilliers afin d’établir comment ces peuples, dénués d’histoire écrite, vivaient, s’habillaient et chassaient autrefois. Cette tâche allait s’avérer difficile et prendre énormément de temps, mais elle était fondamentale car les objets récoltés au moyen de ces fouilles méticuleuses et minutieusement consignées se sont avérés d’une grande valeur informative. L’expédition mena sa première incursion dans l’île proche d’Iglulik, située à l’extrémité est du détroit de Fury and Hecla, non loin de l’île de Baffin au nord. Mathiassen et Freuchen y effectuèrent des observations anthropologiques et des mesures cartographiques. Les habitants de l’île, les Iglulingmiut, se montrèrent accueillants, amicaux et sincères, dotés en outre d’un bon sens de l’humour. Les scientifiques nouèrent rapidement une relation cordiale avec eux et purent ainsi obtenir des insulaires un très grand nombre d’objets (fig. 4 à 6). Lorsqu’ils quittèrent les Iglulingmiut, les


Layout1
To see the actual publication please follow the link above