Charles Derby 141 Fig. 11 : Maternité. Sénoufo, Côte d’Ivoire. Ex-coll. Paul Rabut ; acquise auprès d’un hôpital psychiatrique du Connecticut. Paul Rabut m’a raconté une histoire fascinante pour m’expliquer comment il avait obtenu ce masque : la statue faisait partie d’un groupe de plusieurs objets légués à un hôpital psychiatrique de la région et Paul, en sa qualité de consultant, avait été invité à les examiner. D’après lui, cet objet en particulier pouvait se révéler source d’angoisse chez les patients qui avaient perdu un enfant ou ne pouvaient pas en avoir. Les administrateurs ont donc décidé de ne pas le conserver. Ils ont fait estimer l’objet et Paul a pu l’acheter au prix déterminé. Fig. 12 : Bol avec couvercle. Rotse, Zambie. Ex-coll. Philip Budrose ; Charles Mack. Fig. 13 : Masque gelede. Yoruba, Nigeria. Acheté à un marchand du Connecticut qui l’avait trouvé sur au marché aux puces de Brimfield. Une autre association importante pour moi est le Yi Jing (le Livre chinois des transformations), un moyen de divination qui m’aide à aborder les questions majeures de ma vie. Je suis probablement réceptif à son message parce qu’en grandissant j’ai vu ma grand-mère lire l’avenir dans des feuilles de thé. T. A. M. : Quels sont vos projets et quel message adresseriez vous aux collectionneurs en herbe ? C. D. : Je ne m’arrêterai jamais de collectionner. En ce moment, il est question d’exposer bientôt une partie de ma collection africaine au University of Massachussets Museum of Contemporary Art à Amhers. Je me réjouis de contribuer à ce projet et je donnerai probablement plusieurs conférences dans le cadre de cette exposition. En parlant de conférences, j’ai la chance de vivre dans une région abritant cinq universités. J’aime inciter les jeunes à s’impliquer dans l’appréciation de l’art tribal. Au fil des années, j’ai donné maintes conférences et des étudiants sont venus chez moi. Je sais que mon enthousiasme et ma passion les ont influencés. Je me souviens par exemple qu’il y a plusieurs années, une partie de ma collection était exposée au Middlebury College dans le Vermont. Dans le cadre des festivités d’ouverture, j’ai animé plusieurs séminaires. Quelques années plus tard, alors que j’étais au Guggenheim Museum, une jeune femme s’est approchée de moi et m’a demandé : « Vous êtes Monsieur Derby ? » J’ai confirmé mon identité, puis elle a ajouté : « Je tenais à ce que vous sachiez que j’ai assisté à votre séminaire à Middlebury et que vous avez été une réelle source d’inspiration pour moi, à tel point que je suis actuellement des études en art africain. » J’en suis resté bouche bée. Mon conseil aux futurs collectionneurs ? Cherchez des collectionneurs aguerris. Posez des questions. Continuez toujours à apprendre. Ne pensez pas que vous savez tout, parce que ce ne sera jamais le cas. Achetez ce que vous aimez. Dernier conseil, et non des moindres : trouvez un conjoint qui vous soutient et qui comprend et apprécie ce que vous collectionnez.
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