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140 ces armes africaines, j’ai adopté un autre point de vue. Lorsque le musée a renoncé à acheter les armes, j’ai décidé de les acquérir pour ma collection personnelle. Quant à la question de «l’expertise », je dois dire que je suis un passionné d’art tribal et que même si je connais déjà énormément de choses sur les objets que je collectionne, je n’ai jamais cessé d’étudier, conscient du nombre de choses que j’ignore. Je lis des livres de qualité, mais la lecture ne fait pas forcément de vous un expert. J’ai commis des erreurs et j’en ai tiré les leçons. Il arrive parfois que l’on trouve des informations importantes dans les endroits les plus inattendus. Récemment, un étudiant a rédigé un document après avoir observé ma collection où il a mentionné un cabinet de curiosités d’un petit musée du Connecticut dont je n’avais jamais entendu parler. Grâce à lui, j’ai désormais un nouvel endroit à visiter. T. A. M. : Vous appréciez visiblement la « chasse » aux objets. Quelle est selon vous la plus belle trouvaille que vous ayez faite au fil des années ? C. D. : Chaque objet que je trouve et que j’achète est sur le moment ma plus belle trouvaille et chaque acquisition me permet de découvrir de nouvelles informations. Il y a quelques années, j’ai acheté une corne perlée lors d’une vente aux enchères à Boston. Là-bas, personne ne savait ce que c’était, moi non plus d’ailleurs. Je l’ai quand même achetée, car elle possédait une dimension magique à laquelle j’ai succombé. Plusieurs mois après, je suis tombé sur une photo d’une corne similaire dans un catalogue d’un musée français et j’ai appris qu’elle provenait de Madagascar. Donc en ce qui me concerne, la « chasse » commence parfois après l’acquisition : la quête de nouvelles connaissances s’avère aussi passionnante que l’achat lui-même. T. A. M. : Dans votre livre Inspired by Dreams vous évoquez vos origines amérindiennes et les liens spirituels que vous entretenez avec ces formes artistiques. Ce critère vous accompagne-t-il encore aujourd’hui ? C. D. : Mes affinités avec les liens spirituels sont issues de la relation que j’avais nouée avec ma grand-mère amérindienne. Elle était comme une deuxième mère pour moi et vivait avec ma famille pendant mon enfance. Enfant, un rien m’impressionnait. Dès lors, les descriptions de ses rêves prémonitoires m’ont marqué à jamais. J’ai également fait de nombreux rêves de ce genre, dont certains m’ont aidé dans ma démarche de collection d’art tribal. PERSONNALITÉ Fig. 10 (À GAUCHE) : Masque. Douala, Cameroun. Issu des biens d’une famille de Northampton (Massachusetts). Une antiquaire était en train de cataloguer les possessions d’une famille lorsqu’elle remarqua deux masques africains dans une pile d’objets destinés à être mis en vente lors d’un vide-grenier. Elle a demandé aux propriétaires si elle pouvait me les montrer. L’un d’eux était un masque à cornes douala noir et blanc dont un exemple similaire figure au musée de Rotterdam. L’autre ne me disait rien, mais sa patine ressemblait fortement à celle de son acolyte. J’ai manifesté mon intention de les acheter, mais la famille a décidé de les conserver. Des années plus tard, une dame m’a téléphoné. Elle avait hérité des masques et était prête à les vendre. J’ai été particulièrement ravi d’acquérir le masque abstrait illustré ici, car je crois qu’il est très ancien et probablement unique. Si quelqu’un a connaissance d’un autre masque de ce genre, j’apprécierais de le savoir. FIG. 8 : Chasse-mouches. Kongo, R. D. Congo. Ex-coll. Hurst Gallery, Boston. FIG. 9 : Bâton. Songo, Angola. Ex-coll. Philip Budrose. J’ai découvert ce bâton au marché aux puces de Brimfield. Des marchands de Floride l’avaient amené dans une malle remplie d’anciens textiles africains provenant d’Angola. Seul le bâton m’intéressait, mais ils ne voulaient pas le vendre séparément. Quelques mois plus tard, il est apparu lors d’une vente aux enchères, mais je n’ai pas réussi à l’acquérir. Des années après, je l’ai aperçu dans la collection de Philip Budrose. J’étais déterminé à ne plus le laisser s’échapper une nouvelle fois et, après le décès de Philip, j’ai pu finalement l’acheter à sa famille. Fig. 10 : Figure féminine. Sherbro, Liberia. Julius Carlebach Gallery, New York.


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