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MUSÉE à la Une 82 FIG. 12 (CI-DESSOUS) : Mortier en pierre sacrée. Wiru, Pangia, district d’Ialibu-Pangia, Hautes Terres méridionales, Papouasie-Nouvelle-Guinée. 6000–1000 av. J.-C. Pierre et pigment bleu (vivianite). D. : 19,5 cm. Collecté par Stan Moriarty en 1967. Art Gallery of New South Wales, acquis en 1977, inv. 279.1977/M1675. Photo : AGNSW/Jenni Carter. © peuple wiru, d’après le code éthique préconisé par la Pacific Islands Museums Association (PIMA). acheter de la nourriture à la population autochtone et rémunérer son travail, eut pour conséquence de diminuer sensiblement leur valeur. Malgré tout, les coquillages perliers ont conservé leur signification religieuse et cérémonielle par l’entremise de systèmes de croyances axés sur les cycles de procréation, fertilité et croissance. Des coquillages de toute sorte étaient échangés dans les Hautes Terres et largement utilisés dans la confection des bandeaux, colliers, tabliers et ceintures, et même des arcs des guerriers.5 Un très grand nombre des objets collectés par Moriarty aux quatre coins des Hautes Terres et présentés dans cette exposition contiennent des éléments issus de coquillages perliers. Le moka kin du peuple Melpa de la région de Mont Hagen, muni d’un coquillage brillant sur fond d’ocre rouge grenat (référence probable à la façon dont les hommes Melpa se décoraient et se peignaient) était utilisé lors des spectaculaires échanges cérémoniels appelés moka. Les coquillages perliers sont aussi très employés dans la décoration corporelle. La preuve en est le magnifique collier fabriqué par les Huli de la région de Tari dans les Hautes Terres méridionales, qui comprend les deux fragments de la coquille ainsi qu’un grand pendentif en forme de croissant. Ce matériau sert de base également aux décorations des objets cultuels, notamment le timpsonk (masque de culte), des Mendi des Hautes Terres méridionales, et la kund gale (effigie) des Wahgi. Pendant les années 1950, le culte timp se répandit dans la vallée de Mendi, en provenance du Sud par le biais d’échanges. Les rituels étaient extrêmement mystérieux et les femmes, les jeunes et les étrangers en étaient exclus. Exécuté pour maîtriser les towmow malveillants (des fantômes d’ancêtres supposés apporter la maladie), le timp encourageait le bien-être de la communauté. Les mécènes offraient des objets précieux en échange de connaissances rituelles et des transactions se déroulaient sur les lieux pendant plusieurs mois, accompagnées d’événements cérémoniels complexes. L’estomac, les intestins et la graisse de cochons abattus étaient cuits dans des fours en terre, puis distribués aux membres intronisés. Le sang était récupéré et offert aux fantômes, des incantations étaient récitées et le cochon consommé, après quoi les os étaient rassemblés et disposés dans la « dépouille », en reproduisant le squelette du parent défunt. Celle-ci était ensuite sortie de la maison de culte et exhibée devant les spectateurs, accompagnée de deux hommes portants des masques timpsonk coniques tissés, qui éloignaient les fantômes malveillants. Enfin, la dépouille était enterrée, car le fait d’ensevelir les os affaiblissait le towmow. Élaborée à partir d’une incroyable variété de matériaux naturels et manufacturés, la kund gale collectée par Moriarty en 1965 est parée comme un danseur Wahgi, pourvue du konzap kine, un tablier traditionnel décoré de coquillages perliers. Confectionnée par les hommes, elle était utilisée exclusivement à l’occasion d’une grande fête du cochon, le konggar, un long cycle rituel se déroulant une fois par génération. Pendant des années, des rites étaient célébrés, les cochons élevés, les structures de cérémonie construites et les décorations – notamment les plumes de l’oiseau de paradis – transformées en bilas adéquates qui seraient portées les derniers jours de la célébration. Le jour précédant l’apogée de la célébration, alors que des centaines de cochons étaient tués et la viande distribuée aux familles et aux partenaires de troc, les hommes exécutaient le « piétinement de la barrière », se ruant sur la piste dans une démonstration de force martiale. Parmi les danseurs, un homme portait la kund gale, fixée sur une perche au-dessus de sa tête.6 Parmi les végétaux et les animaux transformés par les Highlanders en objets d’une beauté et d’une puissance remarquables, les plus spectaculaires sont sans doute les plumes des centaines d’espèces d’oiseaux peuplant les montagnes, en particulier le vénéré oiseau de paradis. Les plumes font partie intégrante des bandeaux et coiffes et sont utilisées pour orner les bannières de danse, les masques, les perruques de cheveux humains et même les boucliers, les arcs et les flèches.


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