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que d’autres pensaient qu’il s’agissait des os pétrifiés des ancêtres. Conservées dans des maisons de rituel ou enterrées sur des sites sacrés, ces pierres étaient « nourries » avec le sang ou la graisse de cochons lors des rituels. Parmi les pierres sacrées, on trouvait des rochers de rivière aux formes irrégulières ainsi que des objets exhumés comme des mortiers, des pilons, des têtes de massue et des figurines zoomorphiques créés par d’anciennes cultures des Hautes Terres. Les archéologues pensent que les mortiers préhistoriques en pierre étaient utilisés pour broyer les graines et les noix à des fins alimentaires et pour obtenir des pigments pour des cérémonies. Un mortier en pierre collecté par Moriarty à Pangia dans les Hautes Terres méridionales contient des résidus de vivianite bleue, un minerai utilisé dans toute cette région dans le cadre de rituels pour colorer les boucliers, les têtes de flèches, les figures de culte comme les timbu wara et d’autres objets. La vivianite est également associée à la chasse au casoar dans les Hautes Terres orientales. Les villages des Wiru des Hautes Terres méridionales sont entourés de forêts et prairies supposées abriter de nombreux esprits. Jusque dans les années 1960, le culte timbu était un rituel de fertilité se déroulant tous les cinq à huit ans afin de rétablir la fertilité et l’équilibre écologique. Ce culte exclusivement masculin impliquait la construction d’une maison pourvue d’un poteau central (tungi) orné des os de cochons, casoars et marsupiaux offerts en sacrifice. Des incarnations de la fertilité, les timbu wara, censées représenter l’esprit timbu, ali, étaient tissées et portées par les danseurs masculins pendant le moment crucial du rituel, attachées à des perruques appelées alipo. Un grand festin en présence des clans issus de groupes voisins alliés avait lieu afin de renforcer les liens d’échange. Le rituel s’achevait par l’ensevelissement du tungi, des timbu wara et d’autres objets de rituel, dans le but de préserver leurs pouvoirs. Moriarty observa par ailleurs que les boucliers Wiru étaient également décorés de figures de forme humaine représentant des timbu wara et protégeant le guerrier. La timbu wara collectée par Moriarty en 1967 est unique parmi celles figurant dans des musées et collections privées. En effet, elle possède un panneau en bas-relief illustrant la poitrine et le torse d’une femme, ainsi que des bandes colorées d’ocre jaune et rouge et de vivianite bleue.4 Les coquillages perliers (Pinctada maxima) étincelants, aux reflets irisés et aux bords dorés, constituaient autrefois les objets les plus prestigieux que les Highlanders pouvaient posséder, au même titre qu’un vaste élevage de cochons en bonne santé. Les coquillages perliers étaient extrêmement rares et symbolisaient la richesse ; ils faisaient l’objet d’échanges avec les communautés côtières du sud, selon un système complexe. Toutefois, l’abondance exceptionnelle de ces coquillages dans les années 1930, utilisés par les kiaps et les missionnaires pour


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