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79 hauteur portée par un danseur alekano au Goroka Show de 1968. Ces grands objets cérémoniels étaient jadis fabriqués dans le cadre de rites d’initiation des hommes dans les Hautes Terres orientales. Confectionnés dans le plus grand secret par les hommes, ils étaient portés le dernier jour des grandes fêtes du cochon et indiquaient la fin de la période d’isolement des initiés. Nommées gaheisi par les Alekano, ces bannières se composaient généralement d’une structure en bambou attachée à l’aide de joncs et recouverte de longues bandes de tissu d’écorce étirées et cousues à même la structure. Des plumes d’oiseaux étaient fixées le long des bords et au sommet de la structure et des motifs géométriques venaient orner les surfaces extérieures du tissu d’écorce. Elles étaient attachées dans le dos du danseur, de sorte qu’il ait les mains libres pour porter des tambours et des hochets. De nos jours, les gaheisi sont fabriquées à base de plastique et décorées avec des peintures aux nuances brillantes. Les motifs incorporent souvent des slogans politiques ou des moyens d’expression typiquement occidentaux.2 Les pièces de la collection de Moriarty présentées dans Plumes et coquillages perliers se caractérisent par l’emploi de matières naturelles, témoignant du respect des habitants des Hautes Terres pour leur environnement. Des fibres végétales de toute sorte, notamment des vignes et du rotin, sont tissées, torsadées et nouées pour créer aussi bien des ornements corporels (ceintures et bracelets aux décorations complexes), que des sculptures de fertilité sacrées appelées yupini. Chez les peuples Enga et Ipili des Hautes Terres occidentales, la maladie et l’infortune étaient traditionnellement imputées aux fantômes ancestraux. Un ancêtre ne trouvant pas le repos pouvait contrarier la qualité des récoltes, la bonne santé des cochons et des enfants, tout comme la victoire au combat. Des rituels sacrés pour apaiser les ancêtres se déroulaient alors dans des lieux particuliers en présence uniquement d’experts en rituels et de certains anciens et apprentis. Le rituel du kepele, dont l’influence se répandit à travers la région occidentale enga et ipili, était le plus important de tous les rituels de fertilité. Pendant cinq à six jours, le kepele impliquait des singsings, des sacrifices de cochons, des festins et l’initiation rituelle des jeunes hommes. Il s’achevait par « l’accouplement » simulé des figures tissées yupini avec des pierres sacrées qui représentaient les ancêtres. Les yupini et les pierres sacrées étaient ensuite nourries de porc et des « incantations » magiques étaient récitées. Enfin, les yupini et les pierres sacrées étaient entreposées dans une maison de culte jusqu’au kepele suivant.3 Les cultes liés aux pierres sacrées étaient autrefois très répandus à travers tous les Hautes Terres. Créant un lien direct avec le monde spirituel, les esprits des ancêtres et d’autres esprits demeuraient dans ces matières terrestres. Les Enga croyaient que ces pierres leur étaient données par le « peuple du ciel » qui était venu sur terre et avait créé l’humanité, tandis FIG. 6 : Coiffe cérémonielle rimbu vue de dos. Kewa, district de Kagua-Erave, Hautes Terres méridionales, Papouasie-Nouvelle-Guinée. Milieu du XXe siècle. Rotin torsadé, bambou, fibres végétales, canette de 7 Up, argile blanche et pigments rouges et bleus. H. : 77 cm. Collecté par Stan Moriarty au Mount Hagen Show en 1963. Art Gallery of New South Wales, don de Stan Moriarty en 1977, inv. 613.1979 / M880. Photo : AGNSW/Jenni Carter © peuple kewa, d’après le code éthique préconisé par la Pacific Islands Museums Association (PIMA).


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