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Sculpture zombo 129 FIG. 21 : Masque nlongo. Zombo, Angola. XXe siècle. Bois, fibres et pigments. H. : 26 cm. Don de Mme Shepherd, 1954. Collecté par son frère trente ans auparavant. British Museum, Londres, Af1954,19.1. © The Trustees of the British Museum. FIG. 22 : Panneaux peints nlongo venant probablement d’un kikaku. Zombo, Kibokolo, province d’Uíge, Angola. Avant 1903. Bois et pigments H. : 59,5 et 58,5 cm. Collectés par le Rév. Thomas Lewis. Acquis auprès d’Edward Gerrard & Sons. British Museum, Londres, Af1905,0609.19 et Af1905,0609.18. © The Trustees of the British Museum. nement extrême sur le plan sculptural. Ceci pourrait expliquer pourquoi les Zombo ont tendance à façonner délicatement les traits du visage. Henry Morton Stanley (1899: 329) a relevé cet élément et l’a attribué au mélange de sang indigène et portugais. Il suggère que « les Bakongo et les Bazombo valent la peine d’être étudiés en profondeur en raison de leur bel aspect et leur teint brun clair. » Si l’on considère la question sous un regard plus moderne, il est peut-être plus raisonnable de supposer que ce raffinement constitue le reflet du célèbre art royal créé au royaume de Kongo, avec lequel les Zombo partagent une longue histoire. En fin de compte, les masques du British Museum et les quelques autres qui subsistent ailleurs représentent un lien avec l’ancien grand royaume, des personnages qui continuent d’être mis en « scène » par les Nkanu et les Zombo. NOTES 1. L’auteur mentionne également les « Ncondos et Uembos dans la “região do Zombo“ » et fait des Bankanu angolais – qu’il appelle « Ncanos », « Bacano » ou « Becanos » – un croisement entre Zombo et Yaka (Iacas). 2. Selon Van Wing (1959 : 75), la capitale de cet ancien comté, « le duché de Mbata », pourrait se trouver sur la rive gauche du fleuve Inkisi (affluent du Congo) ; à ne pas confondre avec la localité Mbata dans l’actuelle R. D. Congo. 3. Nous supposons que l’attribution de ce grade honorifique n’était pas destinée à indiquer un lien de sang existant, mais plutôt une connexion métaphorique entre les deux chefs, le mani kongo et le mani Mbata (de la lignée Nsaku Lau). Dans cette optique, nous souhaitons interpréter les titres suivants : Hilton (1985 : 46) écrit que le mani kongo « … représentait le Père classificatoire de tous les Mwissikongo et d’ailleurs de tous les groupes de sujets ». Le titre de Ngudi ou Ngw’andi a Ne Kongo – mère du roi de Kongo – était donné à l’ancien propriétaire et chef spirituel (mani Kabunga ou cameni mongo, « dieu de la montagne » de la lignée Nsaku ne Vunda) des terres sur lesquelles le royaume de Kongo allait se développer. Nous pensons trouver ici les trois piliers sociaux qui – d’après la croyance kongo – sont nécessaires pour aider un individu à vivre, et en l’occurrence la communauté entière. Il s’agit du clan de la mère (kimama), du clan du père (kitata) et du clan du grand-père maternel (kinkaka), symbolisés par les trois pierres utilisées pour maintenir une marmite au-dessus d’un feu. Les rênes du royaume de Kongo étaient dès lors confiées au mani kongo, au mani Nsaku Lau et au mani Nsaku ne Vunda. 4. La frontière est de la province de Mbata – et à cette époque, du royaume de Kongo également – devait être protégée contre les attaques menaçantes des « Giaquas » (bon nombre de variantes orthographiques existent : « Agag », « Jaga » et d’autres) auxquels l’actuel peuple Yaka est probablement lié. En 1568, ces éleveurs et guerriers assoiffés de sang envahirent le royaume, traversèrent la province de Mbata et avancèrent jusqu’au centre (mbanza Kongo, plus tard : San Salvador). Les Kongo – aidés par les Portugais – réussirent à vaincre les envahisseurs et une partie d’entre eux fut repoussée au-delà de la frontière est du royaume. 5. Comme Plancquaert (1932 : 32) et Bontinck (1970 : 24-25), nous supposons que (Kongo dia) Mulaza signifie (Kongo des) « habitants du fleuve » et que cela comprenait l’ancienne province de Mbata et ses États soumis dirigés par le chef (religieux) du clan Nsaku appelé à cette période « Chimolaza », « Kimolaza » ou « Ne Nlaza ». 6. Selon Boone (1973 : 130) les « Bakongo de l’Est » comprennent : les Dikidiki, les Lula, les Mbata, les Mbeko, les Mbinsa, les Mpangu, les Nkanu, les Ntandu, les Patu et les Zombo. 7. Cette route commerciale – empruntée depuis la fin du XVIe siècle – reliait la région située au-delà du Kwango (l’état Hum- ou Mfinu Tio d’Okango) au port de Loanda (1575) et traversait la zone résidentielle des Zombo et les « États » de Lula, Nsongo et (Muene)Kundi. À l’apogée de la capitale de l’ancien royaume de Kongo – mbanza Kongo/San Salvador – elle possédait une route secondaire allant jusqu’à l’empire Makoko, traversant le territoire des Nsundi et des Mpangu. Selon Hilton (1985 : 55, 73-74, carte 7), cette route commerciale – de Loanda à San Salvador – fut développée lorsque les Yaka se retirèrent à l’est de la province Mbata (1573), au-delà du Kwango : elle remplaça progressivement la liaison avec le premier port de commerce de (M)Pinda (via Makuta à San Salvador) (voir carte 2). 8. Ces esclaves étaient essentiellement des Ambundu, des peuples de Mbamba, et pour le reste, des Africains du Haut-Congo, achetés aux Bamfungunu de Kundi et aux Bateke du Pool. Toutefois, remarquons que parmi les esclaves vendus, certains provenaient également de la province de Mbata (Van Wing, 1959 : 21). Concernant ces esclaves Zombo, Pigafetta et Lopez (1591, cf. Lacroix, 1992 : 63 ; Bal, 1963 : 70(235)) indiquent même qu’ils étaient plus résistants que les autres. 9. Le « chicaco de Lula » était un poste de péage connu. Dans le mot « chicaco », nous pensons reconnaître le terme kikongo « kikaku », (pl. bikaku), la frontière symbolique que des peuples comme les Nkanu créaient lors de certains événements comme les mariages et les rites de puberté masculins (nkanda). 10. D’après Birmingham (1981 : 67), c’est à partir du XIXe siècle environ que des groupes distincts d’entrepreneurs bourgeois prirent le contrôle du système de troc contrôlé par l’État. Les Zombo sont désignés par l’auteur comme les marchands les plus influents dans l’est du royaume de Kongo à partir de ce moment : « Ils contrôlaient à l’origine quelques-unes des routes commerciales vers Kinshasa et l’arrière-pays du nord-est du Kongo. Ensuite, ils ont peu à peu pris le contrôle de la gestion du secteur marchand entre le fleuve Kwango et le Bas- Zaïre. Vansina (1966 : 190) écrit : « En 1900 les Ntandu et les Zombo (Zumbo) avaient également émergé en tant que groupes culturels distincts ». Selon lui, les pombeiros – recrutés également parmi les habitants de Mbata – assuraient le commerce de longue distance entre l’arrière-pays et la côte. Les « pombeiros » étaient des Africains et des mulâtres. 11. La Livingston Inland Mission (LIM) arriva prati-


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