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DOSSIER la vie humaine est lié au cycle plus grand de l’univers, bien que des spécialistes soient capables de manipuler ce processus cyclique. Ces spécialistes sont également responsables du bon déroulement du rite nkanda/longo, à la fin duquel les garçons sont censés « ressusciter ». Ce faisant, ils traversent la frontière entre l’enfance (infertile) et l’âge adulte (fertile), entre la mort et la vie, et entre le monde spirituel et le monde des vivants. Ceci explique également le nom de l’édifice, kikaku 128 (une barrière symbolique), ainsi que son emplacement à l’intersection de chemins. Une photo illustrant un « sanctuaire en bord de route sur le plateau de Zombo » (fig. 25)28 apparaît dans un livre coécrit par l’explorateur et administrateur colonial britannique Sir Henry « Harry » Hamilton Johnston (Johnson et al 1908 rééd. 1969 : 638, #345) consacré au missionnaire baptiste George Grenfell, le photographe de l’édifice en question. Sur cette photo, les représentations de six individus sont disposées sur des panneaux placés côte à côte. On trouve de gauche à droite : un chef traditionnel, une femme vêtue d’une tenue d’apparat traditionnelle, un homme européen, une femme en train d’accoucher, un homme nu (probablement un initié) et une autre personne non identifiée. Cette imagerie présente des parallèles évidents avec les panneaux bikaku attribués aux Nkanu. Des études révèlent que la représentation d’une jeune femme africaine, qu’elle soit bien habillée, enceinte ou sur le point d’accoucher, était en principe placée à côté de l’image d’un Occidental (un missionnaire ou un administrateur colonial belge), suggérant que l’homme blanc était amoureux ou avait entretenu une relation avec la femme noire. Lorsqu’elle est représentée enceinte, la femme joint les paumes de ses mains sur son ventre pour communiquer avec le bébé dans son utérus. L’homme blanc place habituellement une main au-dessus de l’autre. Sur la photo de Grenfell, les deux personnages ont les mains en l’air. Un panneau en bois de ce type s’est vendu chez Christie’s à Londres le 13 mai 1980 (lot 269A). Il dépeint un homme européen et il est assez remarquable de constater que cette pièce partage pratiquement les mêmes dimensions (57, 5 et 58 cm de hauteur) que le panneau contenant la figure féminine abrité dans la collection du BM. L’exemplaire de Christie’s fut lui aussi rapporté en Occident par un membre de la BMS et la figure est sculptée dans un style identique marqué par des formes arrondies et une délicate exécution des détails physionomiques. On peut raisonnablement supposer qu’ils provenaient tous deux du même mur de kikaku. Conclusion La littérature révèle souvent des similitudes entre l’art yaka et zombo. La ressemblance majeure réside dans le contexte d’utilisation et la finition de l’objet sculpté à l’aide de peinture. D’ailleurs, du fait de sa polychromie, l’art nkanu, yaka et zombo est parfois qualifié d’« art populaire ». Cependant, les sculptures zombo font généralement preuve d’un raffifixés au moyen d’une liane aux cloisons intérieures d’une hutte à trois murs appelée kikaku (pl. bikaku), érigée à proximité de carrefours. La kikaku constitue une sorte de frontière symbolique : l’emplacement à hauteur des carrefours est choisi car les peuples kongo croient que cette intersection forme une entrée menant aux « mondes » environnants, horizontalement dans ce monde, mais verticalement dans le monde ancestral d’en bas et le mode des nzambi d’en haut. La kikaku est construite lorsque le rite d’initiation approche de sa dernière phase. Les spécialistes qui ont fabriqué les masques et les autres sculptures sont également responsables de la création des panneaux dans ce que l’on pourrait appeler un style nkanda ou longo. Une fois la kikaku terminée, son entrée est recouverte de feuilles de palmier. Le « dévoilement » a lieu en présence des néophytes, qui sont alors confrontés aux représentations sur les panneaux. Celles-ci se rapportent à la sexualité humaine et à l’activité cosmologique. Dans la croyance kongo, le cycle de FIG. 18 : Masque nlongo. Zombo, Kibokolo, province d’Uíge, Angola. Avant 1903. Bois, fibres et pigments. H. : 59 cm. Collecté par le Rév. Thomas Lewis. Donné par la Baptist Missionary Society, 1919. British Museum, Londres, Af1919,-.6. © The Trustees of the British Museum. FIG. 19 : Masque nlongo. Zombo, Kibokolo, province d’Uíge, Angola. Avant 1903. Bois, fibres et pigments. H. : 51 cm. Collecté par le Rév. Thomas Lewis. Donné par la Baptist Missionary Society, 1919. British Museum, Londres, Af1919,-.5. © The Trustees of the British Museum. FIG. 20 : Masque nlongo. Zombo, Angola. Début du XXe siècle. Bois, fibres et pigments. H. : 67 cm. Acquis auprès de J. N. Schmitt, 1953. British Museum, Londres, Af1953,02.2. © The Trustees of the British Museum.


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