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111 FIG. 6 : Tabouret royal. Bamiléké, royaume de Bandjoum, Cameroun. XIXe - XXe siècle. Bois, perles de verre et textile en coton. H. : 51 cm. Collecté par Frank Christol auprès du roi Kamga II de Bandjoun vers 1925. Ex.-coll. Charles Ratton. Cleveland Museum of Art, fonds d’achats Severance et Greta Millikin Purchase, inv. 2006.138. FIG. 7 : Tête perlée. Bamiléké, Grassland, Cameroun. Tissu, perles de verre, cauris, cloche en laiton, boucle de suspension en feutrine rouge et vert pâle. Ex.-Coll. Alan Stone. Collection Helen et Brice Marden. Avec l’aimable autorisation de Christie’s, New York. Une peau perlée du Grassland Le symbole du léopard apparaît également sous des formes plus abstraites. Une photo de 1909 montre le chef Kana Ier de Bafu-Fondong assis sur son trône (fig. 5). Alors qu’on ne distingue aucune peau de léopard sur la photo, le symbolisme du prédateur est néanmoins présent. Les pieds du roi sont posés sur un repose-pieds recouvert de perles de verre disposées en un motif de losange évoquant la peau tachetée du léopard.10 Les deux figures animales sculptées et couvertes de perles de ce repose-pieds en bois représentent des léopards, tandis que la tête humaine qu’elles entourent fait référence à une guerre historique. Ces représentations incarnent le pouvoir des dirigeants du Grassland. Le tabouret sur lequel est assis le chef corpulent est lui-même soutenu par une cariatide symbolisant un autre animal royal, l’éléphant. Bien qu’il s’agisse d’un éléphant, sa surface perlée contient des motifs en forme de losange qui représentent eux aussi une fourrure de léopard stylisée. En règle générale, le triangle isocèle, ainsi que ses variantes comme le losange (parfois pivoté dans les motifs en damier), est perçu chez les Bamiléké comme une interprétation géométrique des taches de la peau du léopard (fig. 6 et 7).11 Un symbole de léopard relativement plus énigmatique apparaît au centre d’un encadrement de porte richement orné visible sur deux photos anciennes d’un très jeune chef prises dans la région de Dschang aux alentours de 1930 (fig. 8). Au milieu du linteau figurent deux représentations de caméléons (reconnaissables à leurs queues recourbées) sculptés en relief et tournés dans des directions opposées.12 Les marques sur leur corps ne sont pas caractéristiques d’une peau de lézard, mais ressemblent davantage à des taches de léopard. Une telle pluralité simultanée est une particularité répandue dans l’art et la cosmologie du Grassland, un sujet sur lequel nous reviendrons. Les hommes représentés sur l’encadrement de porte tiennent des fusils, probablement des fusils danois, et le portail savamment sculpté constitue dans son ensemble un signe distinctif de haut rang. Le jeune chef porte un serpent autour du cou, fait de tissu rembourré et cousu de perles. Cet animal, vraisemblablement un python, 13 était perçu comme le protecteur de la chefferie.14 Les bracelets aux insignes perlés du chef sont assortis au python autour de son cou et le jeune homme porte également une jupe en tissu royal teint en bleu – utilisée à la fois comme vêtement et signe de prestige (fig. 9) – similaire au tissu incorporé dans la peau de léopard perlée des FAMSF. Signification de la peau de léopard perlée À la lumière de l’imagerie variée qui apparaît sur les photos mentionnées plus haut et sur d’autres, on peut s’interroger sur la relation spécifique que les Bamiléké et d’autres chefs du Grassland entretenaient avec les éléments tangibles et


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