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ELIOT ELISOFON 93 FIG. 26 : Femme principale du chef Mogendo, village de Medje, R. D. Congo. Photo d’Eliot Elisofon, 1970. Eliot Elisofon Photographic Archives, EEPA EECL 3031. National Museum of African Art, Smithsonian Institution. FIG. 27 : Katharine Hepburn retouchant son costume sur le tournage de La reine d’Afrique, fleuve Ruiki, R. D. Congo. Photo d’Eliot Elisofon, 1951. Time & Life Pictures/Getty Images. coiffure, installée près d’une photo encadrée montrant la femme du chef mangbetu et sa coiffure achevée. Des épingles à cheveux en ivoire ou en os accentuent la majesté du style. Plutôt que de recycler la représentation exotique des décennies précédentes, la photo d’Elisofon nous livre un portrait empreint de dignité d’une belle femme mangbetu tournée vers l’appareil dans une posture qui, simultanément, interpelle l’observateur et intensifie sa coiffure traditionnelle (fig. 26). Elisofon à Hollywood À proximité de la photo mangbetu se trouve un groupe de juxtapositions ironiques qui reflètent le parcours sinueux d’Elisofon – des photos artistiques des actrices hollywoodiennes, Lana Turner et Katherine Hepburn, et de son rôle dans des productions de longs métrages et pour la télévision. Durant les années d’après-guerre, Elisofon s’érigea en photographe glamour et se fit connaître par ses décors uniques et son utilisation créative de la couleur, de la lumière et des accessoires. En 1951, LIFE dépêcha Elisofon au Congo belge afin qu’il photographie le tournage de La reine africaine avec Katherine Hepburn et Humphrey Bogart (fig. 27).23 Sur les rives du fleuve Ruiku, Elisofon exposa ses théories et sa philosophie de la photographie en couleurs au réalisateur John Huston. Réellement impressionné, Huston engagea Elisofon comme conseiller en couleurs pour son prochain film Moulin Rouge.24 Il décrivit ce film comme le premier à être « peint de lumière » et poursuivit ses fonctions de conseiller en couleurs et photographe de plateau sur bon nombre de productions cinématographiques d’Hollywood, notamment Adorable voisine (Columbia Pictures, 1958), La plus grande histoire jamais contée (United Artists, 1965), et Dr Dolittle (20th Century Fox, 1966). En 1966, Elisofon réalisa le prologue du film Khartoum (United Artists, 1966. Il était vêtu comme un guerrier madhi sur le plateau (fig. 28). En raison de son envie d’illustrer le processus artistique à travers la photographie, Elisofon commença à se passionner pour les productions pour le cinéma et la télévision, remplissant diverses fonctions, comme directeur de la photographie, réalisateur et producteur. L’Afrique revue met l’accent sur l’implication et l’engagement d’Elisofon dans des films et programmes de télévision consacrés à l’Afrique. Le film Sculpture africaine : un masque kanaga dogon,25 réalisé en 1947, passe sur un écran vidéo situé à l’extérieur de la galerie et met en lumière l’éternelle passion d’Elisofon pour la photographie et le filmage du processus de création d’art africain (fig. 29). Il montre le travail complet d’un sculpteur dogon et de son fils alors qu’ils créent un masque Kanaga. En 1972, Elisofon produisit le film éducatif Or Akan (National Geographic, 1972), présentant la collection de Paul Tishman (aujourd’hui intégrée à la collection Walt Disney–Tishman, exposée au musée).26 La même année, il écrivit, réalisa et produisit une série télévisée en quatre parties intitulée Héritage de l’Afrique noire (Group W/Westinghouse/ GE, 1972). Cette production fut l’une des premières séries télévisées consacrée essentiellement aux arts et cultures d’Afrique. Elle traduit la façon dont Elisofon percevait ce continent : une terre dynamique, ses arts et ses innombrables cultures.27 Destinée à un public afro-américain, la série était racontée par des acteurs et écrivains connus, notamment Maya Angelou, Julian Bond, Ozzie Davis, et Gordon Parks. Ces films et séries télévisées des débuts reflètent la volonté d’Elisofon de proposer au grand public un portrait dynamique et optimiste de l’Afrique du XXe siècle – une image qui permette d’en finir avec les mythes et les stéréotypes véhiculés pendant des décennies par les écrivains, photographes et réalisateurs occidentaux. L’héritage d’Elisofon Les archives qu’il nous a laissées … continueront longtemps à façonner la science des études africaines et constituent sans doute l’oeuvre maîtresse de ce photographe dévoué et africaniste passionné.28 Roy Sieber, ancien directeur adjoint, National Museum of African Art Eliot Elisofon fut l’un des premiers photographes professionnels à vraiment reconnaître la diversité culturelle de l’Afrique et à représenter les qualités esthétiques et les processus de création de l’art dans sa photographie. L’Afrique revue rend parfaitement hommage à plus de trente ans de photographie et de collecte d’art en Afrique. D’une part, l’exposition invite à revoir l’impact des représentations d’Elisofon de l’Afrique et ses peuples, en réexaminant des


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