Page 89

CoverT71_FR.qxd_CoverF Vuvi

8787 d’Égypte. Des épreuves d’époque de photos d’Elisofon en noir et blanc, prises dans la région du Nil et figurant dans son importante oeuvre illustrée, Le Nil (1964), sont également exposées, notamment ses images expérimentales d’espaces intérieurs et de tombes prises au flash et son utilisation de la lumière de la lune en guise d’éclairage extérieur (fig. 10).10 Lumineuse Afrique : les premières photos couleur Elisofon était plus qu’un simple photographe documentaire. Également aquarelliste, il maîtrisait la couleur et ses effets psychologiques. Il expérimentait souvent la technologie des couleurs, notamment avec les filtres et l’éclairage, afin de susciter des émotions ou créer des ambiances dans ses photos et ses films.11 « Les bons artistes retiennent de la réalité ce qu’ils aiment et se débarrassent du reste … et les filtres sont au photographe ce que les vernis sont au peintre »,12 disait-il. En Afrique, Elisofon fut le premier à utiliser des pellicules et filtres couleurs, s’efforçant de capter avec précision les carnations africaines et la beauté naturelle du continent. Ces premières images en couleurs apparaissent dans l’exposition sur un grand écran couleur sous forme d’un diaporama continu proposant des vues spectaculaires de ses voyages en Afrique dans les années 1950 et 1960 (fig. 11 et 12). En 1951, Elisofon se rendit dans l’Albert National Park au Congo et devint le premier photographe à capturer en couleurs la chaîne du Ruwenzori au Rwanda voisin – les célèbres « Montagnes de la lune » figurant dans des récits d’exploration du XIXe siècle. Ce fut un éprouvant voyage, impliquant une ascension de 4724 mètres jusqu’au glacier Marguerite. Décrivant cette expédition comme les « neuf jours les plus épouvantables de sa vie »,13 Elisofon parvint néanmoins à prendre de splendides diapositives Kodachrome de l’ascension du groupe malgré les pluies tropicales, les pistes boueuses, le matériel endommagé, les porteurs mal équipés, le froid et un glissement de terrain qui faillit tuer deux membres de l’expédition (fig. 13). Ses images en couleurs hors du commun de mousses jaunes et orangées et de lobélies aux feuilles pointues enveloppées d’un voile de brume à 3650 mètres d’altitude furent publiées en doubles-pages dans LIFE.14 Le travail d’Elisofon en tant que photographe documentaire trouve également sa place dans L’Afrique revue. Les liens qu’il entretenait avec la presse écrite lui permirent d’être le témoin privilégié des rapides changements économiques, politiques et sociaux en Afrique. En outre, son travail pour LIFE lui donna un accès sans précédent aux plus grands dirigeants africains de l’époque. Les portraits intimistes d’Elisofon de leaders, artistes et écrivains africains contribuèrent à installer un sentiment d’humanité et de proximité. En 1959, il proposa un important reportage sur le Nigeria aux éditeurs de LIFE, à la veille de l’indépendance FIG. 11 : Arc-en-ciel, région du lac Kivu, R. D. Congo. Photo d’Eliot Elisofon, 1970. Eliot Elisofon Photographic Archives, EEPA EECL 192907. National Museum of African Art, Smithsonian Institution. FIG. 12 : Cascade sur la rivière Lofoi, R. D. Congo. Photo d’Eliot Elisofon, 1972. Eliot Elisofon Photographic Archives, EEPA EECL 19230. National Museum of African Art, Smithsonian Institution.


CoverT71_FR.qxd_CoverF Vuvi
To see the actual publication please follow the link above