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MUSÉE à la Une 86 à un portrait impérissable du roi en tenue d’apparat, qui bénéficia d’une pleine page dans LIFE en 1947 (fig. 3).7 Bien que les légendes accompagnant l’article reflètent les préjugés raciaux de l’époque (à savoir, « Gros bonnet africain » et « Un gros monarque noir »), la photo d’Elisofon révèle une présence royale africaine à travers le spectaculaire costume regorgeant de cauris, la coiffe et l’attirail du roi.8 L’exposition présente le portrait du roi – imprimé en grand format sur de l’aluminium brossé et éclairé par des projecteurs (fig. 4). Le caractère tridimensionnel de ce support réfléchissant lui confère des propriétés actives qui plongent le visiteur dans une rencontre virtuelle avec le sujet.9 L’image du roi est présentée dans le contexte des épreuves d’époque en noir et blanc d’Elisofon illustrant des sculpteurs (fig. 5) et tisserands kuba au travail, un tissu de raphia brodé, un rasoir, ainsi qu’une boîte et une coupe sculptées en bois reçues en cadeau du roi (fig. 6 et 7). Le lien qui unit la photographie et l’art est récurrent tout au long de L’Afrique revue. À Malakal, au Soudan, Elisofon photographia une jolie femme shilluk portant un ensemble de pendentifs incisés en métal sur des colliers, une image qui fera la couverture de LIFE en 1950 (fig. 8). L’installation présente cet impressionnant portrait (lui aussi imprimé sur de l’aluminium et éclairé au projecteur) aux côtés des véritables colliers et pendentifs comme ceux que la femme porte sur la photo, collectés par Elisofon avant ou après le cliché (fig. 9). Le cartel descriptif contient la photo d’un artiste shilluk du sud du Soudan en train de créer les pendentifs incisés au moyen d’aluminium récupéré sur la carcasse d’un avion. Il s’agit d’un magnifique exemple du dynamisme des pratiques artistiques africaines et de la manière dont les artistes adaptent l’artisanat traditionnel aux ressources disponibles et matériaux recyclés. Ces juxtapositions d’objets et de photos les montrant in situ visent à susciter des questions quant à l’authenticité et la mise en scène, et laissent entrevoir comment l’approche de photographe et l’approche de collectionneur d’Elisofon se recoupaient et étaient inextricablement mêlées. À la suite de son expédition « du Cap au Caire », Elisofon développa un style unique de photographie documentaire d’art qui devint le signe distinctif de son travail en Afrique. Ce style englobe ses séances de portrait en collaboration avec des dirigeants africains, ses photos de grand format en noir et blanc et diapositives en couleurs illustrant l’art, les cérémonies et les rites des peuples d’Afrique centrale et sa photographie d’architecture des pyramides et monuments FIG. 6 : Coupe. Kuba, R. D. Congo. Milieu du XXe siècle. Bois. H. : 18,4 cm. National Museum of African Art. Legs d’Eliot Elisofon, 73-7-412. FIG. 7 (EN BAS À GAUCHE) : Boîte. Kuba, R. D. Congo. Milieu du XXe siècle. Bois. H. : L: 28.5 cm. National Museum of African Art. Legs d’Eliot Elisofon, 73-7-424. FIG. 8 : Femme shilluk portant des colliers. LIFE magazine, 20 novembre 1950. Photographie d’Eliot Elisofon, 1947. Time & Life Pictures/Getty Images. FIG. 9 : Vue de l’exposition L’Afrique revue montrant un présentoir avec des pendentifs shilluk du sud du Soudan. National Museum of African Art, Smithsonian Institution. Photo : Franko Khoury. FIG. 10 (PAGE SUIVANTE) : Clair de lune sur la colonnade d’Amenhotep III au temple d’Amon, Louxor, Égypte. Photo d’Eliot Elisofon, 1947. Épreuve à la gélatine argentique. Eliot Elisofon Photographic Archives. National Museum of African Art, Smithsonian Institution.


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