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BORNEO MATS 95 combinaison de plusieurs éléments. Parmi ceux-ci figurent la forme des yeux, un nez court, une bouche ouverte qui laisse parfois apparaître des dents acérées et un front qui s’étend jusqu’à un point au-dessus du nez. Le dos de la figure est équilibré et serein, et l’on trouve essentiellement une courbe prononcée à l’endroit où la base du dos rejoint les fesses. Les créations de Kwayep présentent également des traits distinctifs à la fois dans la manière dont elles sont décorées – par exemple, au moyen de pigments – et dont elles sont ornées d’incisions. C’est particulièrement vrai dans le cas de la décoration géométrique du bord des tabourets et des supports pour calebasses. Parmi les oeuvres attribuées à Kwayep, la sculpture la plus connue est incontestablement la saisissante figure d’une mère et son enfant, qui se trouve aujourd’hui dans la collection du musée du quai Branly à Paris (fig. 10 et 11).20 En 1934, deux ans avant le séjour d’Egerton à Bangangté, l’ethnologue français Henri Labouret visita la chefferie.21 Au cours de ses recherches, il rassembla des objets pour le musée du Trocadéro (qui deviendra plus tard le musée de l’Homme) et obtint auprès de Njiké II cette sculpture supposée avoir été réalisée par Kwayep autour de 1912 . Créée pour célébrer la femme de Njiké qui avait mis au monde son premier fils, la figure affiche un sens du mouvement et un naturalisme inhabituels pour les Grassfields. Egerton s’exclama d’ailleurs : « C’est vraiment un objet magnifique... S’il Kwayep n’est pas célèbre, il devrait l’être. »22 La meilleure représentation d’une figure féminine réalisée par Kwayep et ayant subsisté est probablement un support à cariatide pour le fond concave d’une calebasse (fig. 12, 13 et 14). Figurant dans la collection de l’Iris & B. Gerald Cantor Center for Visual Arts à l’université de Stanford, la sculpture a été récupérée par Pierre Harter dans l’aire bamiléké dans les années 1950 ou 1960. Le corps féminin a été sculpté afin qu’il soit conforme aux exigences de sa fonction de support, mais chaque trait façonné par les outils du FIG. 12, 13, et 14 : Kwayep de Bamana, support figuratif pour calebasse. Bamiléké, Cameroun, vers 1930. Bois, poudre de bois de santal. H : 36 cm. Collecté par Pierre Harter, années 1950-60. Iris & B. Gerald Cantor Center for Visual Arts à l’université de Stanford, achat du musée rendu possible par le Phyllis Wattis Program Fund, 2000.76.


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