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119 Gabb et que la collection d’antiquités de Raimondi avait depuis longtemps été transmise au musée national. Nous savons que les deux naturalistes entretenaient des contacts en 1868, car Gabb envoya à Raimondi une photographie portant l’inscription suivante : « À l’attention de Monsieur le Dr Antonio Raimondi, avec les compliments de W. M. Gabb, 25/7/1868. » Raimondi avait apparemment déjà envoyé sa collection de fossiles à Gabb,10 car ce dernier publia un article préliminaire à ce sujet en 1869,11 mais ne fut pas en mesure d’approfondir ses recherches jusqu’en 1877. Comme indiqué plus haut, cet article allait devenir l’ultime monographie de Gabb, rédigée à Saint-Domingue et publiée après sa mort.12 Sa dernière missive au secrétaire Baird de la Smithsonian, datée du 18 février 1878, confirme la réception du paiement pour les deux idoles acquises pour le musée. Gabb revint à Philadelphie en avril, et y mourut de la tuberculose le 30 mai 1878. J’ai trouvé son avis de décès dans un journal de Philadelphie. Il ne se maria jamais et son seul héritier, un neveu, ne put être retrouvé lorsque sa biographie fut rédigée par Dall, trois décennies plus tard. Une analyse approfondie révèle que Raimondi était le seul contact de Gabb au Pérou. Bien qu’il n’en existe aucune preuve irréfutable, les circonstances indiquent clairement que le bâton Iguane moche avait, à une époque, fait partie de la collection de Raimondi, qui l’envoya peut-être à Gabb pour le remercier d’avoir répertorié ses fossiles. Le bâton fut décrit de façon erronée lors du processus d’inventaire à la Smithsonian. Une situation dont Gabb n’aurait pu avoir connaissance et qu’il n’aurait pas été en mesure de rectifier vu le faible intervalle entre le moment du don et celui de son décès. Les seules corrections qu’il apporta aux dossiers de la Smithsonian sont basées sur sa facture de cent dollars, qu’il tentera en vain de rectifier. Aussi, le bâton fait-il encore aujourd’hui l’objet d’une attribution fausse dans ces dossiers. Dernière et étrange coïncidence concernant le bâton Iguane et le fait qu’il ait été attribué par erreur aux Taïnos : le mot « iguane » employé en anglais et en espagnol provient de l’ancien taïno « iwana ».13 Notes 1. Jesse Walter Fewkes. 1907. « The Aborigenes of Porto Rico and Neighboring Islands ». Twenty-Fifth Annual Report of the Bureau of American Ethnology to the Secretary of The Smithsonian Institution, 1903-1904, 1-220. Washington, D.C. : Government Printing Office. 2. Fewkes 1907 : 195. 3. Christopher Donnan et Donna McClelland, 1999. Moche Fineline Painting: Its Evolution and Its Artists. Los Angeles : UCLA Fowler Museum of Cultural History, 1999 : 84, 276-277. 4. Christopher Donnan convient que le bâton représente bien la divinité Iguane (communication personnelle 2006-2007). 5. William Healey Dall. « Biographical Memoir of William More Gabb 1839-1878 ». National Academy of Sciences Un bâton moche ancien FIG. 12 : Idole avec deux personnages ou zemi. Taïno, Caraïbes. Bois. H. : 101,6 cm. Ex. Coll. M. Firth, Turks Island ; William M. Gabb, Philadelphie. National Museum of Natural History, Smithsonian Institution, inv# 005890/A42662-0. Avec l’aimable autorisation de la Smithsonian Institution. Biographical Memoirs, VI : 346–361. Ville de Washington : Académie nationale des sciences, 1909. 6. Lettre de Gabb au secrétaire Baird, le 25 mars 1877. 7. William More Gabb. « Description of a Collection of Fossils, made by Doctor Antonio Raimondi in Peru ». Journal of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia, 1878, 2e série, 8 : 263-336. 8. La Californie entra dans l’Union en 1850 et l’Oregon en 1859. Durant la guerre de Sécession (1861-1865), et également plus tard, des soldats américains furent envoyés dans l’Ouest pour « pacifier » les Indiens. Gabb se trouvait dans la région à cette époque. 9. J. Walter Fewkes. « A Carved Wooden Object from Santo Domingo ». Man, 78-79, octobre 1919. 10. Gabb note, dans son introduction au rapport Raimondi (rédigé en 1877), qu’il a reçu les fossiles « il y a plusieurs années » puis publie son rapport préliminaire en 1869, ce qui signifie qu’il avait forcément reçu la collection de Raimondi avant 1869. 11. William More Gabb. « Descriptions of New Species of South American Fossils ». American Journal of Conchology, 1869, 5 : 25-32. 12. William More Gabb. « Description of a Collection of Fossils, made by Doctor Antonio Raimondi in Peru ». Journal of The Academy of Natural Sciences of Philadelphia, 1878, 2e série, 8 : 263-336. 13. Julian Granberry et Gary S. Vescelius. Languages of the Pre- Columbian Antilles. Tuscaloosa : University of Alabama Press, 2004 : Tableau 12.


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