De la peinture à l’Afrique conversation avec Michel et Natacha Lequesne 120 Par Elena Martínez-Jacquet PERSONNALITÉ Parcours des mondes, nous le savons tous, est un moment d’échanges et de rencontres entre passionnés. Cette édition 2013 nous a permis d’honorer la charmante invitation de Michel et Natacha Lequesne à venir découvrir leur collection d’une centaine de pièces issues pour la plupart d’Afrique, mais aussi d’Océanie. Dans l’intimité de leur appartement parisien, en compagnie d’Azandé, leur majestueuse chatte Maine Coon, nous avons longuement parlé de leur goût pour l’art moderne et de leur fascination pour l’art tribal. FIG. 1 : Natacha et Michel Lequesne dans leur séjour, en compagnie d’Azandé et entourés d’une partie de leur collection. Photo : Alex Arthur. FIG. 2 : Urne funéraire. Jalisco, Mexique. Terre cuite. H. : 43 cm. Photo : Alex Arthur. Tribal Art Magazine : Monsieur Lequesne, vous qui êtes médecin, vous conviendrez qu’il y a des patients de tous types… Quel genre de collectionneur êtes-vous ? Déjà, vous êtes de ceux qui conservent leur première acquisition. Effectivement, je garde ma première acquisition extraeuropéenne : c’est une urne funéraire Jalisco, de la côte ouest du Mexique (fig. 2). Une sorte de penseur, en méditation, menton sur le genou. Je l’ai achetée sur un coup de foudre chez Henri Kamer en 1963, mais sans oser entrer dans la galerie sur-le-champ. Quelques jours après l’avoir vue, au cours d’un accès de fièvre à 39-40°, je me suis précipité sur mon téléphone pour parler à Kamer. Je lui ai dit : « Vous ne me connaissez pas. Je suis passé l’autre jour. J’ai de la fièvre, mais je peux venir dans huit jours. Votre Jalisco en vitrine m’intéresse, quel prix me faites-vous ? » Il m’a donné son prix. J’ai négocié, argumentant que c’était un premier achat. J’ai donc acquis ma première pièce d’art premier par téléphone ! T. A. M. : Mais vous n’étiez pas un collectionneur novice… M. L. : Non, effectivement, je collectionnais de la peinture moderne depuis 1955. La toile de Vieira da Silva qui se trouve au mur fut mon premier achat en la matière… T. A. M. : Revenons-en à l’art premier : la fièvre qui a motivé votre premier achat s’est-elle transformée en une véritable fièvre collectionniste, si vous me passez le néologisme ?
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