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KWAYEP FIG. 20 et 21 : Tabouret avec support humain / animal. Royaume Banka (?), Cameroun, vers 1930. Bois. H : 45,7 cm. Collection Dr Marian et Daniel Malcolm. Avec l’aimable autorisation du Neuberger Museum of Art, photo : Paul Mutino. 99 aspect est consigné dans le livre d’Egerton, dans lequel il observe : « Il s’agit d’une belle oeuvre, mais dépourvue de la grâce et du rythme de l’original. Kwayep, lui-même, ne lui portait guère d’affection. Il souhaitait faire de son mieux – je lui avais dit combien j’admirais la mère et son enfant de Monsieur Labouret – et il lui tardait de montrer ce dont il était capable. »29 Ils convinrent que Kwayep réaliserait un tabouret doté de quatre figures à cariatide – deux femmes et deux hommes (fig. 23). Ces figures sont tournées vers l’extérieur, et non l’inverse, car Kwayep soutenait que cette configuration rendrait le travail trop difficile. Toutefois, pour tout le reste, le sculpteur jouirait d’une totale liberté. Egerton raconte qu’il s’indigna lorsqu’il reçut l’oeuvre et demanda une explication. Comme Egerton l’écrivit plus tard, « deux des figures soutenant l’assise étaient noires et deux étaient blanches. Ça ne posait pas de problème. Mais l’homme noir possédait une certaine virilité qu’on ne retrouvait absolument pas chez le blanc. C’était flagrant. Quel message Kwayep voulait-il faire passer ? Le roi, le sculpteur et Joseph le traducteur se contentèrent de rire ».30 Cet objet souffre aussi d’une relative maladresse dans son exécution, probablement pour la même raison que le support pour calebasse commandé par Egerton. Kwayep avait commencé une autre sculpture de sa propre initiative, qu’Egerton l’exhorta à terminer. Il s’agissait d’une représentation d’un garçon que Kwayep avait vu assis au bord d’un chemin (fig. 24 et 25), un thème innovant tiré de la vie quotidienne, et non choisi parmi la quantité d’objets liés au statut. Nous ne saurons jamais si ce gamin était réellement en train de retirer « des puces-chiques de ses pieds », comme la légende le suggère,31 mais il est évident que cette figure présente des similarités stylistiques et formelles avec les autres oeuvres de Kwayep. Les bras, par exemple, ressemblent aux membres allongés présents sur la figure féminine du support pour calebasse du Cantor, sur le tabouret à cariatide masculine de Mannheim et sur la figure de maternité du quai Branly. Les proportions de la figure possèdent un rythme et une fluidité harmonieux très particuliers. Toutefois, la tête est moins bien exécutée que sur les autres figures, et le visage est moins expressif, mais des similitudes sur le plan de la structure sont néanmoins visibles, surtout par rapport au tabouret humain / animal mentionné plus haut. La forme ovale du crâne, la nuque quelque peu allongée et les joues sont remarquables. Mais la façon dont la ligne de la colonne vertébrale s’étend sur cette sculpture et la manière avec laquelle elle rejoint les fesses en formant un


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