MUSÉE à la Une 86 FIG. 9 : René d’Harnoncourt, Catalogue et Desiderata – Carnet sur l’art nègre africain, page 60-D. Dossiers du Museum of Primitive Art, archive des ressources visuelles, département des arts d’Afrique, d’Océanie et des Amériques, Metropolitan Museum of Art, New York. Catalogue et desiderata de René d’Harnoncourt et programme d’expositions du Museum of Primitive Art Par Yaëlle Biro, conservatrice assistante aux arts d’Afrique Afin de conseiller Nelson Rockefeller sur ce qui deviendrait l’une des collections d’art non occidental les plus remarquables au monde, René d’Harnoncourt mit au point un processus systématisé axé sur les objectifs d’acquisition. Le modèle qu’il établit pour la collection prit la forme de quatre carnets à feuilles volantes intitulés Catalogue et desiderata et consacrés aux arts d’Afrique, d’Océanie, amérindiens et précolombiens.1 Les carnets contenaient des croquis de d’Harnoncourt – dessinateur accompli – et des photos sous forme de vignettes. Les dessins reproduisaient des oeuvres tirées de livres et de catalogues d’exposition particulièrement importants et qu’il considérait comme « idéales » à se procurer pour la collection Rockefeller. Les photos étaient ajoutées lorsqu’il se procurait des exemplaires similaires dans des galeries privées new-yorkaises (fig. 9, 10, 11). Chaque carnet comprend une carte et une bibliographie. Les différences entre les carnets reflètent les propres domaines d’expertise de d’Harnoncourt. Étant donné qu’il connaissait particulièrement bien les arts des Amériques, il n’éprouva pas le besoin de se fier à ce système avec autant de rigueur que pour l’art d’Afrique et d’Océanie, et par conséquent, les deux carnets dédiés aux Amériques sont minces, comparés aux autres.2 Les carnets documentent le développement d’un canon de l’« art primitif » durant la première moitié du XXe siècle, ainsi que le marché new-yorkais spécialisé dans ces arts dans les années 1950. Contrairement à la méthode extrêmement personnelle, bien que systématique, adoptée par d’Harnoncourt pour sélectionner de nouvelles acquisitions durant le début des années 1950, Robert Goldwater, éminent critique et professeur d’histoire de l’art au Queens College et à l’Institut des beaux-arts de l’université de New York, professionnalisa le processus d’acquisition à partir du moment où il fut nommé directeur quelques mois à peine avant l’ouverture officielle du Museum of Primitive Art en 1957. Dans son rôle clé au MPA, il appliqua une approche stricte de l’histoire de l’art qui conjuguait une conscience aiguë de l’esthétique des oeuvres à une analyse rigoureuse du contexte de leur création. Des documents relatifs aux acquisitions effectuées par le MPA, avant et après 1956, révèlent deux approches distinctes : tandis que d’Harnoncourt limita son concept d’« art primitif » à un canon préexistant et à des acquisitions effectuées auprès d’un nombre réduit de fournisseurs, Goldwater alla audelà de ce modèle établi.3 Il fit, par ailleurs, souvent appel à des collègues à travers l’Europe et l’Amérique en quête d’informations et d’expertise,4 et élargit le réseau de vendeurs auprès desquels le MPA se fournissait. Son mandat de directeur permit FIG. 10 : René d’Harnoncourt, Catalogue et Desiderata – Carnet sur l’art nègre africain, page 12-D. AR.1999.31.1. Dossiers du Museum of Primitive Art, archive des ressources visuelles, département des arts d’Afrique, d’Océanie et des Amériques, Metropolitan Museum of Art, New York.
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